«Depuis 1979, alors que six présidents de la République se sont succédé, cette affaire empoisonne et déshonore la vie politique et civique de notre pays», écrivent les quatorze signataires de la lettre, dont la présentatrice de Cash Investigation et Envoyé Spécial, Elise Lucet et le journaliste de Radio France Benoît Collombat.
Les journalistes, dans une démarche rare au sein de la profession, dénoncent les «mystifications entourant cette affaire, les graves lacunes de l'enquête et de la procédure qui entachent les circonstances de cette disparition».
En 2015, la justice a décidé de rouvrir le dossier pour «enlèvement» et «assassinat».
La lettre détaille les incohérences de cette affaire, comme l'annonce de la découverte du cadavre à 2h00 du matin au Premier ministre Raymond Barre alors que le corps n'a officiellement été retrouvé que vers 8h40.
«Le ministre se serait suicidé en se noyant dans un étang n'excédant pas cinquante centimètres de profondeur, sans qu'aucune analyse des poumons ne vienne le corroborer, les bocaux contenant les prélèvements opérés sur le cadavre ayant mystérieusement disparu», ajoutent encore les signataires.
Les journalistes affirment qu'il s'agit de «la liquidation d'un ministre en exercice, grossièrement maquillée en suicide».
Ils s'adressent donc à Emmanuel Macron qui, en tant que chef de l'Etat, a «la possibilité, historique, de faire en sorte que les Services français ouvrent leurs archives sur cette part obscure de notre Ve République.»
Ils réclament aussi qu'il fasse pression sur son homologue américain Donald Trump pour obtenir «la déclassification des éléments détenus par les Services secrets des Etats-Unis». La CIA détient en effet un dossier sur l'affaire Boulin, qu'elle n'a jamais souhaité rendre public.
«Quarante ans après la mort du gaulliste Robert Boulin, la France s'honorerait à lever le voile sur les conditions réelles de la disparition d'un serviteur de la République», concluent les signataires de la lettre.