Styliste, designer, couturier, Patrick Soh fait partie de ces créateurs camerounais qui ont le vent en poupe. Mixant le «ndop» ou le «toghu» – qui sont des étoffes issues des rituels traditionnels des peuples de la grande localité de l’Ouest du Cameroun – avec des additifs occidentaux, cet entrepreneur originaire de Bandjoun, dans l’Ouest francophone du pays, crée des vêtements à mi-chemin entre tradition et modernité. Son objectif: créer une identité vestimentaire locale et moderne à la fois.
«Je me démarque en faisant le métissage entre textile local et occidental. J’y mets toujours ma touche particulière et c’est ce qui donne à ma marque une identité unique en son genre», confie-t-il au micro de Sputnik.
Pour ce qui est de la matière première, Patrick Soh utilise en plus du ndop et du toghu du tissu en coton, de la mousseline, de la gabardine, de la laine... «Pour les autres matières, je passe mes commandes en ligne: le woodin, par exemple, est un pagne ivoirien, et certains motifs viennent de Chine», explique-t-il. Créée en 2005, la marque Soh Cameroun avait pour objectif d’amener tout le monde à adopter un style africain.
«J’ai toujours voulu créer une vraie marque camerounaise reconnue et respectée partout dans le monde. Le nom Soh est mon propre nom de famille. J’y ai ajouté Cameroun pour rendre hommage à mon pays d’origine», explique-t-il.
Originales et tendances, les créations afro-urbaines de Patrick Soh attirent du monde. Beaucoup de célébrités du show-biz local font partie de sa clientèle, bâtie principalement en utilisant les réseaux sociaux pour mettre en valeur ses produits.
«Mes clients viennent de partout. Ma première commande en ligne venait du Canada. Je vends beaucoup plus sur Internet. Ce qui a aussi boosté ma notoriété, c’est le fait que beaucoup de stars de la musique, du cinéma et des médias audiovisuels m’ont sollicité pour confectionner leurs tenues. Et grâce à leur influence, il y a eu un transfert de célébrité qui m’a apporté davantage de clients», se réjouit-il.
La naissance d’une passion pour la mode
C’est après huit ans de formation sur le tas et dans des ateliers de couture du marché Congo à Douala que l’entrepreneur décide de se mettre à son propre compte en lançant sa marque. Quatorze ans plus tard, Soh Cameroun a fait du chemin et sa réputation est là pour en témoigner. Perfectionniste compulsif, éternel insatisfait, Patrick Soh, self-made man à l’allure grave, veut élargir son offre et étendre son circuit de distribution.
«J’ai en projet d’ouvrir des points de distribution à l’international pour rendre accessibles mes créations. Il faut que le monde prenne conscience du savoir-faire de la jeunesse africaine. Je viens de loin mais j’ai réussi à implanter une marque qui suscite beaucoup d’admiration. Je suis donc convaincu de la qualité de ce que je produis», affirme-t-il.
Mais pour y arriver, Patrick Soh doit d’abord répondre aux exigences d’une demande sans cesse croissante en renforçant son dispositif logistique et les ressources humaines.
«Il nous arrive d’être submergés par des commandes que nous n’arrivons pas toujours à satisfaire sur le plan quantitatif. Il nous faut donc renforcer les moyens logistiques et humains. C’est pour cela aussi que j’ai en projet de créer un centre de formation pour enseigner le métier aux jeunes Camerounais qui veulent faire carrière dans ce secteur», ambitionne Patrick Soh.
Il est compliqué pour les jeunes créateurs d’avoir de la visibilité, cependant, le parcours de Patrick Soh est la preuve qu’il y a lieu d’espérer pour cette génération des lendemains meilleurs.