Selon la Commission européenne, le rachat des chantiers navals de Saint-Nazaire par l'italien Fincantieri pourrait «entraîner une hausse des prix, une réduction du choix et une moindre incitation à l'innovation». Ainsi, Bruxelle a annoncé l'ouverture d'une enquête.
«Nous allons examiner scrupuleusement si l'opération envisagée est susceptible d'avoir une incidence négative sur la concurrence dans le domaine de la construction de navires de croisière, au détriment des millions d'Européens qui partent en croisière chaque année», a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
À l'issue d'une enquête préliminaire, la Commission estime «peu vraisemblable» qu'un nouvel acteur puisse faire son entrée sur ce marché «en temps utile et de manière crédible pour compenser les éventuels effets négatifs de l'opération».
Selon elle, le rachat pourrait en effet «entraîner une hausse des prix, une réduction du choix et une moindre incitation à l'innovation».
En outre, elle juge que «les gros clients» ne disposeront «pas d'une puissance d'achat suffisante pour parer à tout risque d'augmentation des prix qui résulterait de l'opération».
L'exécutif européen dispose désormais de 90 jours ouvrables, soit jusqu'au 17 mars, pour prendre une décision.
La Commission se penche depuis le mois de janvier sur l'opération, ce qui avait fait grincer des dents en Italie.
De son côté le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, avait dit croire en cette fusion et «au rapprochement de la France et de l'Italie en matière navale».
La reprise des Chantiers de l'Atlantique - établis à Saint-Nazaire (ouest de la France) - par le groupe italien avait été annoncée en septembre 2017. L'accord conclu alors prévoyait que le groupe transalpin détiendrait 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l'Etat français.
Ce feuilleton avait commencé en 2016 lorsque STX France, alors seule unité rentable de STX Offshore & Shipbuilding, avait été mis en vente pour cause de redressement judiciaire.
Fincantieri, contrôlé par l'Etat italien et seul candidat à la reprise, avait alors obtenu le feu vert du gouvernement de François Hollande. Mais Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République, avait demandé en mai 2017 à revoir la participation française à la hausse, visant une répartition à parts égales.
Cette proposition avait d'abord été rejetée par Rome, les Italiens insistant pour détenir 51% du capital et le contrôle du conseil d'administration. Les deux pays avaient finalement trouvé un compromis en septembre 2017.