Vivant en Syrie, une mère belge et ses deux enfants devront être rapatriés en l’espace de 75 jours, selon une décision prise par le tribunal de première instance de Bruxelles, indique la Radio et télévision publique belge francophone (RTBF). Il s’agit de la première décision délivrée par cette instance obligeant à faire revenir les enfants sans les séparer de leur mère en lien avec des terroristes.
L'avocat de la famille, cité par la chaîne de télévision et l’AFP, l’a qualifiée de «vraie révolution en droit» et a souligné ce changement dans le domaine juridique:
«En juin, une décision favorable a été délivrée pour rapatrier les enfants. Cette fois-ci, les enfants et la mère seront rapatriés».
Partie sur les traces de son père
Âgée de 23 ans, la femme a quitté la Belgique en 2015 pour la Syrie afin de rejoindre son père, ancien membre d’Al-Qaïda*. Depuis février 2018, elle se trouve avec ses deux enfants, âgés d’un an et demi et trois ans, dans le camp syrien d’Al-Roj, contrôlé par les Kurdes. Selon son avocat, interrogé par l’AFP, l’un des enfants est né pendant le conflit, et l’autre dans le camp.
Plus tard, la Belge a regretté son choix et déclaré son envie de rentrer en Belgique et de purger sa peine. Via une organisation non-gouvernementale, elle a intenté une procédure en urgence pour recevoir des documents de voyage pour elle et ses enfants de la part des autorités belges.
Selon la décision prise par la justice, la mère et ses enfants ne seront pas séparés à leur retour en Belgique, avant que la femme ne soit entendue par les magistrats.
Nombre d’enfants de l’EU en Syrie
Les enfants résidant sur le sol syrien et liés à la Belgique sont nombreux. L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam) a recensé 69 d’entre eux, pour 55 hommes et femmes issus des rangs djihadistes, dans des camps contrôlés par des Kurdes.
À l’échelle européenne, entre 600 et 650 enfants, dont au moins l’un des parents est ressortissant de l’UE, se trouvent dans des camps ou centres de détention en Syrie, selon les données de la Commission européenne, a précisé l’AFP. Si l’on ajoute l’Irak, le total atteint 1.400.
«La majorité des enfants nés là-bas sont vraiment très jeunes, c'est-à-dire âgés de moins de six ans», selon le commissaire européen à la sécurité, Julian King, qui appelle les États membres à résoudre «rapidement» ce défi du rapatriement des enfants, «victimes de la situation», a fait savoir l’AFP.
*Organisation terroriste interdite en Russie