Il est français, homme d’affaires et père de huit enfants. Il habite en pleine campagne russe. Fabrice Sorlin s’est confié à Sputnik sur son rapport avec la Russie, les différences avec la France, notamment concernant l’éducation des enfants et la liberté d’expression.
Débats sur l'homosexualité
Installé en Russie avec sa femme et ses enfants depuis 2015 pour des raisons professionnelles, M.Sorlin est bourguignon. Il explique pourquoi il préfère le système scolaire russe au français. Le point clef est l’absence de discussions sur l’homosexualité dans les écoles en Russie, résultant de la loi entrée en vigueur en 2013 sur l’interdiction de la propagande homosexuelle auprès des mineurs.
Défendant les valeurs de la «famille traditionnelle», Fabrice Sorlin, membre du Congrès mondial des familles, se dit solidaire du Président russe qui a commenté en juin 2019 les propos d’Elton John sur la politique russe face à l’homosexualité, déclarant qu’il fallait laisser l’enfant se développer pour ensuite s’interroger sur leur orientation sexuelle à l’âge adulte:
«On laisse libres les gens de faire ce qu’ils veulent chez eux. Mais, par contre, on n’en parle pas aux enfants. On ne leur met pas cela dans la tête. On les laisse se développer. Après, ce que les gens font chez eux… Chacun est libre de faire ce qu’il veut, mais au moins ils ne s’en prennent pas à nos enfants», insiste ce père d’une famille nombreuse.
Question de la liberté d’expression
En réponse à la question de savoir s’il pense appartenir à une minorité pour ses propos qui vont à l’encontre du discours qui émerge au niveau politique en France, Fabrice Sorlin dénonce le caractère minoritaire de son point de vue: «En réalité, elle [la position, ndlr] est répandue en France», dit-il, invoquant les manifestations contre le mariage pour tous et contre la PMA.
Cependant, il affirme que les personnes qui partagent les mêmes idées que lui éprouvent une certaine réticence à les exprimer en raison du manque de liberté d’expression en France:
«Aujourd’hui, dire ce que je dis… Tout de suite je vais être accusé d’homophobie. Et tout ce qui est derrière: raciste, homophobe, fasciste, etc.».
Toujours au sujet de la liberté d’expression, l’homme d’affaires se réfère à son expérience avec les médias français:
«Je sais que si je parle à un journaliste en France et que je dis un mot de travers… On va me tomber dessus. Maintenant, je m’en fiche. Mais c’est comme ça en France. On ne peut plus rien dire. J’ai déjà discuté avec des journalistes français et à chaque fois je leur dis: “Il y a plus de liberté d’expression en Russie qu’en France”. Ils s’étranglent à chaque fois: “Ah, comment cela? Le pays de Poutine! Tenu par un tyran”».
La remise en cause des stéréotypes
Fabrice Sorlin cite l’exemple de la Coupe du monde qui s’est tenue en Russie en 2018. À leur retour en France, les sportifs disaient que c’était «une réussite grandiose». Il parle également des Jeux olympiques d’hiver de 2014 qui ont eu lieu à Sotchi, dont l’organisation et l’«ambiance fabuleuse» ont marqué des sportifs et des fans français, affirme l’homme d’affaires:
«Cela agaçait les journalistes qui depuis 20 ans nous racontent que la Russie, c’est un pays horrible».
Si l’on compare la Russie avec les pays européens en matière de liberté d’expression, M.Sorlin affirme qu’elle «est l’un des tout derniers pays vraiment libres de la planète. Parce que toute l’Europe occidentale est complètement asservie aux intérêts américains. En fait, on n’a plus de souveraineté en France, en Italie et ailleurs. La Russie est un vrai pays qui défend ses intérêts». Et il souhaite que le Président français «fasse la même chose».
«Il y a des gens qui n’arrivaient pas à tourner la page. Ils avaient lutté contre le communisme jeunes et sont restés focalisés là-dessus». Mais cela change, au fur et à mesure, dit-il.
Faire du business en Russie, Syrie et Iran
À la tête d’un cabinet de conseil et d’appui au développement, spécialisé dans des zones non conventionnelles comme l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, M.Sorlin aide des entreprises internationales, dont des sociétés françaises et italiennes, à s’implanter dans des régions prometteuses, avec un marché potentiellement important, mais qui sont perçues comme risquées, y compris l’Iran:
«Ce sont des pays où peu de personnes, en France en tout cas, ont envie d’aller parce que justement, à lire les media, ils s’imaginent qu’aller en Iran, c’est se faire égorger sur la place publique».
Cependant, son cabinet «a été le premier cabinet français à amener une délégation de PME/PMI françaises là-bas», à l’époque où Barack Obama a levé les sanctions contre l’Iran. Il justifie son activité par les difficultés que les entreprises françaises rencontrent ces derniers temps dans leur propre pays. Elles «ont de plus en plus de mal, notamment les PME, un milieu que je connais relativement bien, qui sont écrasées par les charges. Elles n’arrivent plus à s’en sortir. Et aujourd’hui, elles cherchent à développer leur business à l’étranger pour faire plus d’argent», insiste-t-il.
Renforcement de l’amitié franco-russe
Auteur de l’idée du jumelage entre les plus beaux villages de France et de Russie qui a eu lieu en juillet 2019, M.Sorlin trouve nécessaire de continuer à renforcer les liens avec «l’une des plus belles civilisations du monde» en créant des ponts d’amitié. Après avoir réalisé le projet de jumelage entre les communes Semur-en-Brionnais et Viatskoïe, il confie avoir reçu des demandes de plusieurs maires français pour d’autres jumelages avec des villages russes. Quelles communes sont concernées? Fabrice Sorlin garde pour l’instant le secret...