«Ni photos, ni textes! Désolés… Nous n’avons pas été conviés à couvrir cette visite». C'est seulement ces mots que les lecteurs et lectrices du Journal de l’île de La Réunion ont trouvé sur la page où le quotidien voulait raconter le déplacement du Président français aux Camélias, un quartier de Saint-Denis.
Le Journal de l’île de la Réunion consacre sa page événement à la visite d’Emmanuel Macron. pic.twitter.com/DA8r0LT5dz
— Ellen Salvi (@ellensalvi) 25 октября 2019 г.
Une explication détaillée de ce geste a été donnée dans l’éditorial, intitulé «Ni excuse, ni révérence», que son auteur, Lukas Garcia, a sous-titré «lettre de non-excuse à l'Élysée». Ici, M.Garcia évoque «le signe d’une punition mesquine» de la part de la présidence car le quotidien s’est montré «trop critique à l'égard d’Emmanuel Macron».
Notre lettre de non-excuse à l'Elysée#MacronLaReunion
— Lukas Garcia (@LukasGar) 25 октября 2019 г.
Ni excuse, ni révérence : https://t.co/gNYhszrVtk
«On nous l'a fait savoir. La Une de notre édition d'hier, "Pour l'instant, c'est du vent", a déplu en haut lieu. Tant pis. Ou tant mieux. Car si c'était à refaire, nous ne changerions pas un mot de ce titre. Il n'y aura donc de notre côté ni excuse, ni révérence. La présidence va devoir se trouver d'autres courtisans», indique l’éditorial.
M.Garcia signale ensuite que «le cap fixé par Emmanuel Macron est aussi flou qu'abstrait» et que les Réunionnais attendaient d’autres choses du «Président disruptif» qui répète des «banalités» sur «l'extraordinaire potentiel» de l’île, tout comme le faisait Giscard d'Estaing en 1976.
«Le potentiel, ça ne remplit pas les frigos. Au mieux, sommes-nous ravis d'apprendre que nous allons devenir une force conquérante dans la zone indo-pacifique. La belle affaire! Tremblez grands de ce monde: la Réunion lé la. Les Japonais, tracassés par cette concurrence nouvelle, ont mal dormi, et les Canadiens, de peur d'être dépassés par notre puissance émergente, font déjà des réserves de viande de caribou», ironise l’auteur de l’éditorial.
Le message se termine par une constatation du «fossé entre l'urgence sociale et l'ambition stratosphérique du chef de l'État, ou la légèreté de ses propositions, est effrayant».
«Voilà pourquoi nous ne serons pas dupes du manège qui est train de se jouer. Avec ou sans le consentement de l'Élysée. Quitte à être privés de dessert ce midi à l'heure du pique-nique», a conclu M.Garcia.
Emmanuel Macron à La Réunion
À l'arrivée du Président sur l’île le 23 octobre, des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté près de l’aéroport, à l’issue de quoi cinq personnes ont été placées en garde à vue, pour un total de 80 protestataires dispersés car la manifestation n'était pas déclarée, a indiqué l'Élysée.
Suivant son programme, le Président français, en visite de trois jours à La Réunion, a rencontré jeudi dans le quartier des Camélias à Saint-Denis, des habitants qui lui ont fait part de leurs difficultés sociales, notamment en ce qui concerne le taux du chômage, la vie chère et le logement. La soirée a également été émaillée par des affrontements entre une centaine de jeunes et les forces de l'ordre à un rond-point de la ville du Port, à La Réunion.
Par la suite, le Président a «condamné» ces heurts, tout en estimant que «la violence n'[avait] jamais permis d'accélérer les choses» et qu’elle «n'apport[ait] aucune solution».