Hakim Madi, un militant valentinois, se trouve actuellement dans le collimateur de l’État pour l’avoir accusé de mener une «politique de chasse aux musulmans», entretenant un «climat islamophobe et raciste», suivant ainsi «les pas de [la France] de Vichy», comme il l’a écrit sur la page Facebook de la député LREM Mireille Clapot.
Début de l’affaire
Le 14 octobre, le militant qui se présente comme un «simple citoyen participant à des mouvements d'action citoyenne pour redonner la parole aux habitants des quartiers populaires» partage une publication Facebook de la député de sa circonscription avec ce commentaire:
«Agenda de Mireille Clapot (député LREM) cette semaine. Sur son mur je ne vois aucune dénonciation de la politique de chasse aux musulmans du gouvernement. Vous pouvez la rencontrer ce jeudi 17 octobre après-midi à sa permanence de Valence. Peut-être sera-t-elle sensible aux habitants de sa circonscription?».
Ce message a été suivi par un autre. «Votre France suit les pas de celle de Vichy. [...] Madame Clapot, [...] ne soyez pas passive, choisissez le bon camp de l'histoire de France, car voyez-vous, notre pays est en train de filer tout droit vers l'abîme, vers l'innommable, vers l'apartheid!»
Réponse de l’élue
Mme Clapot a assuré en réponse «respecter toute personne, croyante ou non, pourvu qu'elle se conforme aux lois françaises.» Dans un échange suivant, le militant a dénoncé des propos tenus par Christophe Castaner sur les signaux faibles qui «font l'amalgame avec la pratique courante de l'islam.»
Plainte pour diffamation
Les commentaires et l’échange ont attiré l’attention du préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, qui a décidé d’agir contre le militant en déposant une plainte le 19 octobre pour «diffamation publique contre une personne dépositaire de l'autorité publique». Le responsable a notamment dénoncé «une incitation à la violence contre les autorités publiques qu’il convient de condamner avec la plus grande fermeté».
«C’est peut-être la première fois qu’un simple citoyen est ainsi pris pour cible pour des propos aussi banals. Tout le monde le dit, que le gouvernement entretient un climat islamophobe!», a réagi face au Figaro l’avocat du militant. Son client «se sent stigmatisé quand il entend le Président appeler à une société de vigilance et le ministre de l’Intérieur parler de signaux faibles qui se confondent pour une partie avec la pratique musulmane».
Une pétition pour soutenir Hakim Madi
Une pétition sous le hashtag #Nonàlachasseauxmusulmans a été lancée pour «protéger la liberté d’expression».
«Soutenons massivement Hakim Madi. Protégeons la liberté d’exprimer toute critique politique. Garantissons la fraternité entre Français de toutes confessions», dit le texte de la pétition qui compte plus de 900 signataires. «Dans cette affaire, c'est Hakim contre Goliath, nous n'avons eu d'autre choix que d'aller sur le terrain médiatique.»
Polémique sur l'islamophobie
La question de la situation des musulmans fait polémique actuellement en France.
À la suite d’un débat enflammé né de la demande de Julien Odoul à une accompagnatrice d’élèves de retirer son voile, 90 personnalités ont signé une tribune adressée au Président français, publiée dans Le Monde, pour lui demander de condamner cet acte et de dénoncer la haine contre les musulmans.
En outre, une centaine d’élus locaux ont alerté dans une tribune dans le JDD contre le risque de créer une «société de la suspicion», «à trop pointer du doigt une communauté de croyants», les musulmans, et donc de diviser la société.