À la suite du débat véhément sur le port du voile islamique lors des sorties scolaires, le Président français s’est prononcé devant des proches sur la situation actuelle pour alerter de la possibilité d’une «guerre civile» à laquelle peuvent conduire des «amalgames entre les questions d'immigration, de radicalisation, de communautarisme et de laïcité», a indiqué France Info en se référant à l’Élysée.
Éviter la stigmatisation
«La stigmatisation» doit être absolument évitée, a affirmé Emmanuel Macron en parlant des musulmans de France, cité par la présidence qui a repris ces paroles lors d’une conférence de presse à Toulouse ce 16 octobre. Alors que pour Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, l’islamisme «gangrène le pays», le chef d’État français a estimé qu’«une ligne jaune a été franchie par certains leaders de l’opposition», d’après les informations recueillies par la station de radio.
Un discours sur la laïcité attendu
S’adressant au ministère de l’Intérieur, le Président Macron a demandé de continuer à dialoguer avec l’islam, aux échelles locale comme nationale. Bien que le discours promis il y a longtemps par le chef d’État sur la laïcité n’ait pas encore été prononcé, il peut avoir lieu dans le futur, a affirmé une source à l’Élysée, interrogée par France Info.
En attendant, Emmanuel Macron s’est brièvement exprimé sur la place de l’islam en France:
«Il y a des religions en France, dont une religion, l'islam, qui s'inscrit dans un cadre, celui de la République. On doit respecter toutes les règles, de manière absolue, et je serai intransigeant, mais on doit aussi respecter la liberté de croire et de ne pas croire, c'est ça la laïcité», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse suivant le conseil franco-allemand qui s’est tenu ce 16 octobre à Toulouse.
De plus, Gérard Larcher, président du Sénat, a publiquement demandé ce 16 octobre au Président de tenir un discours sur la laïcité et la loi 1905, lors d’une émission de France 2:
«Le sujet n'a pas vraiment été tranché par le politique, voilà pourquoi je pense qu'il faut revenir aux fondamentaux de la loi de 1905 et que nous attendons sur ce sujet la parole du Président de la République, qui l’a reportée de multiples fois».
Le port du voile divise le gouvernement
Après plusieurs jours de vives discussions sur le port du voile pendant les sorties scolaires, provoquée par la demande de l’élu RN Julien Odoul adressée à une accompagnatrice d’élèves durant une séance du conseil régional à Dijon d’enlever son voile, le Premier ministre, Édouard Philippe, a essayé de clore la polémique sur ce sujet.
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a affirmé que «le voile en soi n’[était] pas souhaitable dans notre société». Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a quant à lui abondé dans ce sens au micro d’Europe 1: «le voile islamique n’est pas l’avenir souhaitable de la culture et de la société françaises».
Malgré les divergences, Édouard Philippe a souligné lors d’une séance de l’Assemblée nationale qu’il ne souhaitait pas «faire une loi sur les accompagnants scolaires», et a mis en valeur «l’enjeu» des «dérives communautaires» et de la «déscolarisation».