Une hausse des crédits alloués au Château qui contraste avec la constance des dotations d’autres instances de la République: Assemblée nationale et Sénat voient en effet leurs budgets respectifs se maintenir au même niveau qu’en 2019. Un niveau qui était déjà le même que l’année passée, malgré l’explosion des dépenses liées aux retraites des députés.
Du côté de l’Élysée on se défend en expliquant que cette hausse serait principalement due à un jeu d’écritures comptables. L’an prochain, les 1,7 million d’euros alloués à la sécurité du chef de l’État, jusqu’à présent imputés au budget du ministère de l’Intérieur, émargera à celui des comptes du Palais. «Nous l’avons juste déplacée pour plus de cohérence», assurent les services présidentiels à nos confrères du Parisien.
Un détail qui a son poids. En effet, les dépenses de sécurité de l’Élysée sont «en nette hausse depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron», soulignaient déjà l’an passé nos confrères de Marianne. À l’époque, dans son rapport annuel sur la tenue des comptes du palais présidentiel, la haute juridiction épinglait notamment le fait que les agents responsables de la sécurité du Château représentaient pas moins du tiers (32%) des effectifs totaux des services du Président.
L’année de l’élection d’Emmanuel Macron, le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) reçut le renfort de quinze nouveaux agents. Notons qu’une rallonge de 2,4 millions d’euros fut votée dans le budget pour 2019 au titre des dépenses de personnel.
Dépenses de l’Élysée: gros dérapage en 2018
Un dépassement dû à des voyages plus coûteux –bien que moins nombreux– et à une masse salariale en augmentation, malgré une réduction des effectifs totaux ainsi que des heures supplémentaires. Résultat: 5,67 millions d’euros durent être prélevés sur la réserve pour permettre à l’Élysée d’assurer son équilibre budgétaire.
Autres raisons mises en avant pour justifier la future hausse budgétaire de 2020: la modernisation du matériel informatique du Palais (qui dure depuis plusieurs années), ainsi que celle du parc automobile de la présidence: le tout pour la rondelette somme de 600.000€. Le parc automobile, un poste de dépenses qui avait déjà augmenté de pas moins de 27% en 2018.
Quatre baguettes de pain par jour?
Le mobilier Louis XV et la tapisserie du salon Miro (ex-Pompadour) prennent-ils désormais la poussière à la cave ? Même le moderne couple Pompidou n'aurait pas osé. https://t.co/GLpdDCOtLR
— Eléonore de Vulpillières (@EdeVulpi) October 4, 2019
Les polémiques sur les dépenses de l’Élysée ne datent pas d’hier, symbole qu’incarne ce lieu de pouvoir oblige. En tout début de mandat, Le Point se procura 26.000 euros de factures de maquillage pour Emmanuel Macron et son épouse, l’année suivante c’est la facture de 500.000 euros pour la rénovation des 1.025 mètres carrés de la salle des fêtes et la rémunération et avantages en nature octroyés à Alexandre Benalla qui défrayèrent la chronique, sans oublier cet été les révélations du Canard sur le nombre d’agents du service de la correspondance présidentielle affectés au courrier de la femme du Président: 7 sur les 71 agents à plein temps de ce service de l’Élysée.
Plus qu’une source de polémiques, le budget des services de la présidence est un enjeu politique. Reste à savoir comment seront perçues ces hausses budgétaires par les Français, soumis à une pression fiscale plus importante que jamais, et alors que le gouvernement affiche sa volonté de réduire le train de vie de l’État.