Plusieurs politiciens et experts russes ont commenté le rapport publié aux États-Unis sur la stratégie de «dissuasion» face à la Russie en mer Noire.
Ils ont qualifié le projet de Washington d’agression non-dissimulée contre Moscou et ont promis une réaction à toute activité de l’Otan près des frontières russes.
«Une agression non-dissimulée»
Le député criméen à la Douma (la chambre basse du parlement russe) Mikhaïl Cheremet estime que la stratégie américaine d’extension des exercices de l’Otan et d’intensification de la puissance défensive de l’Ukraine et de la Géorgie prouve les intentions hostiles des États-Unis à l’égard de la Russie.
«Ce n’est pas du tout une dissuasion, mais une agression non-dissimulée de la part des États-Unis», a-t-il affirmé.
Les pays qui s’engageront dans le sillage de Washington et déploieront sur leur territoire des systèmes de missiles se retrouveront dans un secteur d’éventuelle destruction, a-t-il constaté.
«Les pays qui acceptent d’installer des bases militaires américaines chez eux font preuve de myopie. La Russie prendra des mesures qui lui permettront de protéger ses frontières et la zone de ses intérêts vitaux», a souligné Mikhaïl Cheremet.
Youri Chvytkine, vice-président de la Commission défense de la Douma, a relevé pour sa part la détermination de la Russie à repousser n’importe quelle action extérieure dans la région.
«Pour ce qui est de la Crimée, nous y avons des forces et des moyens autosuffisants: un détachement de la Marine, des systèmes assez puissants de DCA et une brigade de la Garde nationale qui protège le pont enjambant le détroit de Kertch», a-t-il rappelé.
Il a fait remarquer que l’intention de Washington de faire participer Kiev et Tbilissi à l’opération de l’Otan et l’accroissement du potentiel militaire des pays de l’Alliance suscitait la perplexité.
La réaction sera «imminente»
Pour Frans Klintsevitch, membre de la Commission défense et sécurité du Conseil de la Fédération (la chambre haute du parlement), les déclarations de Washington qui affirme «contenir l’agression russe» ne sont destinées qu’à manipuler l’opinion publique.
«En réalité c’est tout le contraire […] Le déploiement de systèmes de défense antiaérienne et côtière en Roumanie et en Bulgarie prévu par les experts du centre [l’institution américaine de conseil et de recherche Rand Corporation, ndlr] signifie en fait la transformation de ces pays en cordons antirusses à l’exemple de la Pologne», a-t-il affirmé.
Il a ajouté qu’une activité sans précédent de l’Alliance près des frontières russes risquait «de revêtir de nouvelles formes, très dangereuses pour l’Europe» et que la réaction de la Russie «serait imminente».
Un simple prétexte
Youri Guempel, chef de la Commission des relations interethniques et de diplomatie populaire du parlement criméen, a souligné pour sa part que Washington n’avait pas à indiquer à la Russie où elle devait procéder à la modernisation de ses forces armées et ferait mieux d’étudier la stratégie de «dissuasion» de l’Otan dont les bases militaires «s’approchent toujours davantage» des frontières russes.
Le plan américain
Affirmant que «la région de la mer Noire est un lieu central de la concurrence entre la Russie et l'Occident pour l'avenir de l'Europe», la RAND Corporation a publié un rapport définissant une stratégie de «dissuasion» de la Russie dans la région, se disant préoccupée par la modernisation de la Flotte russe de la mer Noire et l’accroissement des forces dans le district militaire Sud.
Selon les auteurs du document, pour «contrer l’influence croissante de la Russie» dans la région, l’Otan et ses partenaires pourraient déployer des systèmes de défense aérienne et de défense côtière en Roumanie et en Bulgarie, ainsi que maintenir l'assistance à l'Ukraine et à la Géorgie dans le domaine du développement de leurs capacités de défense.