Les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner après l’attaque de la préfecture de police de Paris perpétrée jeudi dernier suscitent de vives réactions au sein de l’opinion publique. Loin d’en être à sa première maladresse, nombreux sont ceux qui le jugent aujourd’hui incompétent et souhaitent sa démission.
Jeudi 3 octobre, le ministre de l’Intérieur avait en effet affirmé que le tueur de la préfecture n’avait «jamais présenté de difficulté comportementale» ni «le moindre signe d’alerte».
Pour @ccastaner le terroriste islamiste «n’a jamais présenté le moindre signe d'alerte»
— Eric Ciotti (@ECiotti) October 4, 2019
Soit il savait et il a dissimulé la vérité,
Soit il ne savait pas et il est incompétent !
Castaner est disqualifié pour poursuivre sa tâche, je demande une commission d’enquête parlementaire pic.twitter.com/gbtOmJnNuo
Le procureur du parquet national antiterroriste a pourtant assuré le contraire le 5 octobre.
«Les premières investigations ont révélé son «approbation de certaines exactions commises au nom de cette religion», «son souhait de ne plus avoir certains contacts avec des femmes», «sa justification» des attentats de Charlie Hebdo en 2015, ainsi que «son changement d'habitude vestimentaire depuis quelques mois», a indiqué Jean-François Ricard lors d’une conférence de presse.
Au micro de France Inter ce lundi matin, Christophe Castaner a justifié ses déclarations:
«J’ai dit la vérité telle qu’elle était connue. On attend d’un ministre de l’Intérieur qu’il dise la vérité à un moment donné, ensuite il y a l’instruction judiciaire. Vendredi, des faits différents sont apparus. […] Dans le dossier de l’auteur de l’attentat, il n’y avait aucune trace, aucun signalement. Au contraire, c’était un agent plutôt bien noté, qui voulait faire l’objet d’une évolution professionnelle». «J’ai rencontré la hiérarchie, j’ai rencontré des collègues de travail effondrés […] et aucun à ce moment-là n’a fait état de ce dont on a parlé ensuite», a-t-il poursuivi.
«Attaque» à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière
En mai dernier, le ministre avait déjà été accusé de «mensonges».
Le 1er mai 2019, des manifestants s’étaient introduits dans l’hôpital universitaire de la Pitié-Salpêtrière. Le ministre avait alors qualifié l’incident d’attaque et assuré que le personnel soignant avait été agressé.
«Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre: elles sont la fierté de la République», avait-il tweeté.
Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital.
— Christophe Castaner (@CCastaner) May 1, 2019
On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger.
Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République. pic.twitter.com/BjXYFw2XzR
Les divers témoignages recueillis et les vidéos partagées sur les réseaux sociaux ont toutefois démontré que les manifestants cherchaient simplement à se réfugier dans l’établissement.
Christophe Castaner a ensuite reconnu qu’il n’aurait pas dû employer le terme «attaque».
Benalla le bagagiste
En juillet 2018, le ministre s'était également exprimé sur la présence d’Alexandre Benalla dans le bus des Bleus, pourtant censé avoir été rétrogradé. «J’ai entendu dire qu'il était en charge de la logistique des bagages», a-t-il déclaré à l'antenne de BFM TV.
Benalla dans le bus des Bleus: "J'ai entendu dire qu'il était en charge de la logistique des bagages", avance Castaner pic.twitter.com/P23gum9Adq
— BFMTV (@BFMTV) July 23, 2018
Lors des auditions au Sénat ayant suivi l’affaire Benalla, il s’est avéré que ce chargé de mission disposait de bien plus de pouvoir que ce que Castaner avait affirmé, prenant notamment activement part à l’ensemble des événements conduisant à un déplacement du Président et de sa sécurité.
Incendie de Rouen
Plus récemment, M.Castaner a indiqué sur RTL au sujet de l'incendie de Rouen survenu le 26 septembre dernier: «Nous faisons toutes les analyses au moment où je vous parle. Il n’y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure, je n'ai aucun élément qui permettent de penser que les fumées en particulier seraient dangereuses, mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas le cas».
Il avait été critiqué à la suite de cette phrase sachant que ni les matériaux ayant brûlé, ni la quantité de produits détruits dans l’incendie n’étaient connus lors de cette déclaration. Le gouvernement a par ailleurs largement nuancé ces propos lors des interventions suivantes.