Les partis du Premier ministre sortant, Benyamin Netanyahou, et de son rival, l’ex-général Benny Gantz, respectivement le Likoud et le Kahol Lavan (Bleu-blanc), ne sont pas parvenus à franchir le seuil des 61 députés pour obtenir une majorité. Le Président Reuven Rivlin a toutefois estimé que les chances de Benyamin Netanyahou pour former un gouvernement étaient meilleures que celles de son adversaire.
Mais l’analyste politique et journaliste israélienne Nelly Gutina dit dans son commentaire pour Sputnik distinguer un jeu politique apparent derrière «l'alliance» de Gantz et de la Liste commune.
«La liste commune, qui a représenté pour la première fois les citoyens arabes d'Israël, a recommandé l'un des candidats», explique Mme Gutina, soulignant qu'il s'agissait d'une initiative sans précédent du parti à majorité arabe, lequel n'avait jamais soutenu aucun candidat israélien auparavant.
Le chef de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, a expliqué dans son éditorial pour le New York Times du 22 septembre qu'il avait décidé de soutenir Benny Gantz «pour éviter un nouveau mandat de M.Netanyahou». Pourtant, moins d'un jour après cette publication, trois députés arabes de la faction Balad de la Liste commune sont revenus sur leur décision de recommander le chef du Kahol Lavan.
Manœuvre de la Liste commune
Selon Nelly Gutina, la manœuvre de la Liste commune laisse supposer que les députés arabes l'ont fait à la demande de Kahol Lavan.
«Certains observateurs pensent que Gantz a délibérément cédé le droit de tenter la première fois de former un gouvernement à Netanyahou, dans l'espoir qu'il échouerait», a-t-elle relevé.
Selon le Times of Israel, Ayman Odeh a confirmé que Kahol Lavan s'était déjà adressé à la Liste commune pour lui demander de réduire son soutien à Gantz.
«Pourquoi? Parce que Netanyahou ne réussira pas à former un gouvernement et que la tâche sera ensuite confiée aux Bleus et aux Blancs, les partis ne voudront pas se rendre à la troisième élection anticipée, le public ne le voudra pas», a expliqué M.Odeh, cité par la presse.
De son coté, Avigdor Eskin, un autre analyste politique et journaliste israélien, a douté que l’astuce présumée de Kahol Lavan fonctionne puisque la Liste commune avait exclu en amont son adhésion à une coalition gouvernementale.
«Les 13 membres arabes de la Knesset étaient prêts à apporter leur soutien à Gantz contre Netanyahou, mais ont précisé qu'ils ne rejoindraient pas sa coalition», a-t-il noté.
Et d’ajouter que rien ne garantissait que le Président Rivlin demande au chef de Kahol Lavan de créer un gouvernement si Benyamin Netanyahou échouait.
Une situation étrange
«La situation actuelle est étrange pour Israël. C’est la première fois dans l’histoire que nous avons des élections sans résultat précis. En outre, c’était déjà le cas en mai et nous y sommes confrontés pour la deuxième fois. Nous sommes certainement confrontés à une crise constitutionnelle. Netanyahou est toujours le premier, mais ses options sont limitées et ses chances ne sont pas claires», a résumé Avigdor Eskin.
À l'issue des législatives, Benyamin Netanyahou, avec ses alliés de droite et des partis religieux, compte 55 sièges sur les 120 de la Knesset. Quant au centriste Benny Gantz, avec le ralliement des partis de gauche et majoritairement arabes, il ne rassemble que 54 députés, loin des 61 nécessaires.