«Le but [du Forum, ndlr] est de collaborer avec la Russie, d’aider la France et la Russie à dialoguer lorsque la situation n’est pas simple», déclare à Sputnik Michel Grabar.
Le Conseil de coordination, une structure soutenue par l’Ambassade de la Russie en France née il y dix ans, regroupe quelques 300 associations. Elles se réunissent une fois par an lors d’un Forum des Russes de France. «C’est une agora de tous les Russes de France, venus d’horizons différents, des descendants des Russes “blancs” –dont je fais partie–, tout comme ceux issus des autres vagues d’émigration», explique Michel Grabar.
Pour Michel Grabar, la signature par Dmitri Medvedev, Premier ministre russe, d’une liste des 53 États dont les citoyens pourront se rendre à Saint-Pétersbourg et dans sa région avec un visa électronique à partir du 1er octobre prochain est une «bonne nouvelle», que l’on «réclamait depuis les années Eltsine». L’homme d’affaires croit qu’après la vague de visites touristiques,
«Le e-visa permettra les démarches des petits entrepreneurs qui n’ont pas beaucoup de moyens pour préparer des voyages d’affaires complexes, pour découvrir le marché russe, précise M. Grabar. Les Allemands et les Italiens devançaient sur ce point les Français».
À partir du 1er janvier 2021, les touristes étrangers pourront recevoir des visas électroniques, leur permettant de se rendre dans l’ensemble de la Russie. Un système qui ne tombe pas du ciel:
«Le système astucieux que la Russie a mis en place pour la Coupe du monde de football a très bien marché et a donné une très bonne image de la Russie et de son administration», assure Michel Grabar.
Un autre aspect de l’activité du Forum des Russes de France reste la communication avec la communauté ukrainienne en France.
«Nous sommes très ouverts aux contacts avec des russophones en général, assure Michel Grabar. Depuis 2014, les relations avec l’Ukraine sont compliquées, mais nous entrons dans une nouvelle phase avec l’élection d’un nouveau Président ukrainien, avec sa volonté de faire cesser la guerre monstrueuse dans le Donbass.»
Michel Grabar note par ailleurs qu’en prévision d’une rencontre dans le format de Normandie, il a été approché par la fondation de Rinat Akhmetov, très présente dans le Donbass, pour préparer un livre «neutre» cherchant à «préparer le terrain à une sortie du conflit ukrainien»
«On voit le commencement du processus qui devrait aboutir, assure Michel Grabar. On sait qu’en Russie, en Ukraine ou dans la diaspora, il y a beaucoup de familles mixtes. Si on regarde d’une manière globale, il y a beaucoup de familles qui ne veulent pas s’enfermer dans un nationalisme belliqueux.»
En parlant de l’activité de la section économique du Conseil de la coordination du forum des Russes en France, Michel Grabar souligne la modestie de son rôle: il considère que l’«on n’a pas besoin de lui pour développer les relations économiques, elles existent depuis très longtemps». Pour lui, néanmoins, le problème réside dans l’asymétrie dans l’implication des entreprises françaises et russes, bien que «de grandes entreprises de CAC 40 ont mis les moyens, avec d’énormes projets en Russie»:
«Depuis une vingtaine d’années, les entreprises françaises sont onze fois plus présentes en Russie que les Russes en France, détaille Michel Grabar. Pour un Français qui n’y connaît rien, les démarches en Russie font peur. Mais notre section commerciale des Russes de France aide des PME à aller sur le marché russe.»
La section économique du Conseil de la coordination du forum des Russes en France «prend le relais dans la durée» de l’accompagnement initial du projet procuré par l’Ambassade de Russie et la représentation commerciale en France. Ainsi, les entrepreneurs français sont-ils assistés dans les échanges officiels et accompagnés lors de leurs repérages sur le terrain, et –depuis peu– le Conseil de la coordination joint ses efforts à ceux de la représentation commerciale de Russie pour l’accompagnement des PME françaises, via son réseau des Russes qui recherchent les partenaires en France.
«Pour la Russie, il faut créer un réseau de PME. On peut faire le pari de l’innovation et des nouvelles technologies, dans lesquelles les Russes sont très bons, avec d’excellents ingénieurs. Mais les entreprises russes de taille moyenne ont des difficultés à se financer. Les Français sont un peu meilleurs et, pour y pallier, nous avons déjà organisé deux séminaires franco-russes sur les projets d’innovation», conclut Michel Grabar.