"Vouloir vivre les uns avec les autres, voilà notre objectif, le rêve de chacun, voilà le rêve des musulmans. La contradiction, c'est comment vivre avec les autres, sincèrement, lorsqu'on révère un texte qui parfois donne le sentiment de ne pas donner la même dignité aux uns et aux autres ou dont certains font l'interprétation de manière archaïque et ancienne", a déclaré M. Korsia.
Il s'exprimait lors d'une rencontre coorganisée par la Ligue islamique mondiale (LIM) et la Fondation de l'Islam de France (FIF), à laquelle assistent des hauts dignitaires religieux de nombreux pays musulmans mais aussi les responsables français des cultes catholique, protestant et orthodoxe.
"Chers amis musulmans, (...) peut-être serait-il temps de réouvrir la porte de l'+ichtihad+ (interprétation, ndlr), la porte (...) de la contextualisation", a-t-il poursuivi.
Selon lui, cet appel ne vise pas à "transformer ou "abroger" le texte, mais "de dire que si quelqu'un comprend qu'on veut faire du mal à l'autre en se fondant sur ses textes, quels qu'ils soient, c'est qu'on a mal compris son texte", a-t-il expliqué.
Devant l'ex-ministre saoudien de la Justice Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la LIM depuis 2016, M. Korsia a estimé que la Ligue islamique mondiale devait "être capable d'adapter son discours et son aide à la réalité locale" du pays où vivent les musulmans, précisant qu'"en France nous avons un trésor, qui s'appelle la laïcité".
Avant son ouverture, cette conférence a suscité la controverse en raison de la présence de la LIM, souvent considérée comme le bras diplomatique du royaume saoudien et financé par ses pétrodollars, ainsi que comme un instrument de diffusion du wahhabisme, version saoudienne et très puritaine de l'islam.
En fin de journée doit être signé un "memorandum d'entente et d'amitié entre les trois religions monothéistes", dans lequel il y aura des "clauses qui nous font entrer dans l'Histoire", a assuré Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'Islam de France.
A l'ouverture de la conférence, une vingtaine de manifestants ont brandi une banderole sur laquelle on pouvait lire "libérez Raif", en référence à Raïf Badawi, blogueur saoudien emprisonné pour "insulte" à l'islam depuis 2012.
Parmi eux, l'ex-journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui a fustigé le fait que M. Al-Issa, "l'auteur de la condamnation de Raïf Badawi à 10 ans d'emprisonnement (...) vienne nous apprendre la tolérance et la paix !