Benyamin Netanyahou a besoin de l’aide de la Russie pour minimiser la présence en Syrie de l’Iran qu’Israël accuse d'utiliser le territoire syrien pour lancer son agression contre l’État hébreu, a déclaré à Sputnik Noor Dahri, directeur exécutif du think tank Théologie islamique du contre-terrorisme (ITCT), centre de réflexion en langue anglaise, basé au Royaume-Uni.
Minimiser le rôle de l'Iran dans la région
La principale raison de cette visite du Premier ministre israélien en Russie était «de minimiser le rôle de l'Iran dans la région, de faire pression sur l'Iran pour qu'il limite son soutien logistique aux organisations terroristes palestiniennes», a estimé l’expert.
Et de citer les propos tenus par Benyamin Netanyahou au début de son entretien à Sotchi avec le Président russe:
«Le mois dernier, nous avons assisté à une nette augmentation des tentatives de l’Iran d’utiliser le territoire syrien pour nous attaquer et pour y déployer des missiles qui nous menaceraient. Nous ne sommes pas prêts à faire face à cette menace.»
Israël a besoin de l’aide de la Russie
Selon Noor Dahri, Benyamin Netanyahou veut que Poutine joue un rôle crucial pour minimiser la menace iranienne contre Israël.
«La Russie connaît mieux l'Iran qu'Israël, et elle est le seul pays puissant capable de soutenir l'Iran sur la scène internationale. […] Israël ne peut pas compter sur les États-Unis pour contenir l'Iran», a-t-il constaté.
Israël a mené des centaines de frappes contre des cibles iraniennes en Syrie, alors que Tel Aviv et Moscou coordonnent leurs actions militaires en Syrie afin d’éviter les échanges de tirs par inadvertance.
La Russie et Israël coordonnent leurs actions militaires en Syrie
Dahri a rappelé à cette occasion qu’en 2015 la Russie et Israël avaient signé un accord aux termes duquel les Israéliens ne pouvaient pas cibler les installations militaires russes et devaient partager des informations opérationnelles ou une partie de leurs informations opérationnelles avant de mener des frappes aériennes.
Cela n'a toutefois pas empêché un incident tragique en septembre de l'année dernière lorsqu'un avion russe a été abattu par la défense antiaérienne syrienne lors d'un raid israélien. Moscou a accusé Tel Aviv de l'accident.
Moscou condamne le plan d’annexion de Netanyahou
Avant son déplacement à Sotchi, Benyamin Netanyahou a promis qu’il annexerait la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer Morte en Cisjordanie s’il était réélu lors des scrutins parlementaires. La Russie, aux côtés des dirigeants palestiniens, des pays arabes, de l'Onu et de l'UE, a condamné ce projet.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a notamment déclaré que le plan de Netanyahou pourrait «provoquer une forte escalade de la tension dans la région et compromettre les espoirs d'établir une paix tant attendue entre Israël et ses voisins arabes».
Risque de compromettre tout espoir de paix entre Israël et ses voisins arabes
«À la différence des États-Unis, la Russie réalise avec succès sa politique au Proche-Orient, et Israël n'est pas dans une position politique pour aller à l'encontre des intérêts russes. Le ministre russe des Affaires étrangères a ouvertement condamné l’annonce de Benyamin Netanyahou qui ne peut évidemment pas tenir sa promesse sans l’aval de la Russie», a relevé M.Dahri.
Selon ce dernier, Israël doit aussi compter sur la Russie pour jouer un rôle crucial dans un accord de paix avec la Palestine, sinon Netanyahou ne sera pas en mesure de parvenir à la stabilité et à la paix.
Par ailleurs, M.Dahri a qualifié d’«inutile» le plan de paix pour Israël et la Palestine du Président états-unien Donald Trump, connu comme le «deal du siècle».
«Les dirigeants palestiniens ont jeté ce plan à la poubelle. Ce n'est qu'une sucette pour le monde. Non, aucun plan ne peut réussir sans l’aval russe. Les États-Unis ont conclu de nombreux accords, mais ces accords et pactes n’ont pas arrêté le terrorisme en Israël. Par conséquent, ces types de plans et d'accords ne sont pas viables», a souligné M.Dahri.
D’après l’expert, Moscou désapprouve explicitement la promesse du Premier ministre israélien d'annexer une grande partie de la Cisjordanie et ne soutient par conséquent pas son annonce qui pourrait l'aider à remporter les élections.
«Aussi, Benyamin Netanyahou s’est-il précipité pour rencontrer Vladimir Poutine et essayer de le convaincre que cette annonce n’était qu’un slogan politique pour ses électeurs», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.