Benyamin Netanyahou a déclaré que s’il remportait les élections législatives du 17 septembre, il annexerait «la vallée du Jourdain et la partie nord de la mer Morte». La promesse ayant suscité un tollé dans le monde, Sputnik a demandé des explications sur le sujet à deux experts.
«Les déclarations de Netanyahou, ce n’est pas seulement une partie de sa campagne électorale. C’est un vaste plan qui a été élaboré à l’avance par Netanyahou en commun avec le mouvement de droite qui habite les colonies», a déclaré à Sputnik Said Basharat, expert palestinien pour les questions israéliennes.
«Le plan suivant d’annexion»
Il a évoqué dans ce contexte les dernières visites du Premier ministre en Cisjordanie et au tombeau des Patriarches à Hébron.
«C’est un précédent qui montre au mouvement des colons que la rive droite [du Jourdain, ndlr], c’est pour Israël le plan suivant d’annexion», a-t-il affirmé.
Il a constaté également que la vallée du Jourdain était une hauteur permettant de surveiller la Syrie, le Jourdain et l’Irak.
«C’est la première ligne de défense israélienne en cas d’une attaque quelconque qui pourrait être lancée depuis la Syrie ou l’Irak», a indiqué Said Basharat.
«Croissance des colonies cancéreuses»
Pour Nidal al Taani, président de la commission des affaires étrangères au parlement jordanien, le parti de Benyamin Netanyahou tente régulièrement de faire sortir sa crise intérieure en dehors du pays.
«Il use de méthodes militaires et provocatrices, comme la dernière annonce sur l’annexion de la vallée du Jourdain et d’une partie de la mer Morte», a-t-il noté.
Selon lui, les promesses de Netanyahou sont faites dans le cadre de sa campagne électorale parce que la droite se heurte à de nombreux problèmes.
«C’est là la raison de plusieurs déclarations faites récemment, comme celles sur l’annexion du Golan, sur la judaïsation d’Israël, sur les ressources de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), sur la croissance des colonies cancéreuses», a poursuivi Nidal al Taani.
Selon lui, de telles déclarations entravent le processus de paix, surtout à la lumière des récentes propositions sur la paix économique, car «l’économie ne peut pas avancer séparément de la politique».
«La Jordanie et Israël possèdent certains points d’accord de paix qu’ils ne doivent pas violer. Si Netanyahou matérialise ses menaces, la Jordanie possède plusieurs variantes de réponse, à commencer par le gel du processus de paix et jusqu’à une annulation complète de l’accord de paix signé entre les deux pays.»
L’annonce faite par le Premier ministre israélien sur l’annexion d’un pan de la Cisjordanie a soulevé une vague de critiques, tant de la part de pays arabes et musulmans que de l’Union européenne.
Riyad a pour sa part demandé de tenir une «réunion d’urgence» des chefs de la diplomatie des 57 membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).