«Le monde de la nuit, endeuillé début septembre par l’overdose mortelle d’un jeune homme, appelle à une prise de conscience des autorités», écrit Le Parisien, se référant au décès d’un homme de 21 ans, ayant succombé à une overdose lors d’une soirée dans la boîte Dehors Brut dans le XIIe arrondissement de Paris, qui a été obligé de fermer ses portes suite au drame.
«Les comprimés sont devenus de plus en plus gros»
Le quotidien fait état de statistiques qui démontrent des tendances inquiétantes: les doses d’ecstasy dépassent parfois les 200 milligrammes par cachet contre 70 milligrammes il y a dix ans, a déclaré le docteur Grégory Pfau, responsable du système d'identification des substances illicites (SINTES) en Île-de-France.
«Depuis plus de cinq ans, les comprimés sont devenus de plus en plus gros et contiennent des doses de MDMA [principe actif de l'ecstasy, ndlr] de plus en plus fortes», a-t-il souligné.
Le collectif Action-Nuit, a mis en garde contre l’arrivée de l'«ecsta chinois», associé à la mort d'au moins 125 personnes aux États-Unis entre 2016 et 2018, selon l'Organisation mondiale de la santé.
La mort après une pilule
«La MD, c'est la loterie. La toxicité aiguë ne dépend pas forcément de la dose. Cette drogue tue, point barre. Pas besoin d'avoir une autre substance comme avec l'ecsta chinoise», avertit Anne Bâtisse, responsable en pharmaco-addictologie à l'hôpital Fernand Widal, déclarant qu’une dose consommée en une seule fois peut désormais conduire à la mort.
Le physionomiste Valery Bastide du club Dehors Brut a comparé la situation d’aujourd’hui avec les années 1990, marquées par une hausse de la consommation de cette drogue:
«À cette époque, on prenait soin les uns des autres pendant les free parties. Aujourd'hui, quand un client alcoolisé ou drogué se fait recaler à l'entrée, ses amis l'abandonnent et rentrent quand même, sans se soucier de lui».
Quelle serait la solution?
Avec la mairie et les associations, les établissements appellent à davantage de prévention et, en cas de consommation, conseillent de s'hydrater régulièrement, couper et espacer les prises, et rester vigilant sur l'état de santé de ses amis.
«Le problème, c'est qu'on ne sensibilise que ceux qui viennent chercher l'information, c'est-à-dire moins d'un usager sur 10. Mais qu'est-ce qu'on fait pour les autres? Il faut arrêter de penser que diffuser l'information incite à la consommation», indique Éric Labbé, DJ et activiste d’Action-Nuit, appelant à multiplier les stands d'analyses de drogues, proposés pour l'instant sous une forme limitée par les associations Charonne et Sida Paroles.