Les neurotoxines dans l'air
Ces deux dernières décennies ont été marquées par une hausse significative du nombre de troubles psychiques et de l'autisme. Ce phénomène de plus en plus préoccupant nécessite des explications.
Les scientifiques ont noté depuis longtemps que dans les grandes villes, la part des individus souffrant de troubles psychiques était supérieure à celle observée en milieu rural. Ce qui les a poussés à prêter attention à la qualité de l'air.
Par exemple, en 2013, des chercheurs américains ont analysé les informations concernant plus de 7.000 enfants nés avec un trouble du spectre de l'autisme de femmes ayant passé leur grossesse à Los Angeles. Les spécialistes ont placé sur la carte les analyses de l'air et les adresses de résidence. Il s'avère que la pollution à l'ozone et les particules toxiques de moins de 2,5 micromètres augmentait le risque d'autisme de 12-15%. Ce risque augmente de 9% en cas de pollution à l'oxyde et au dioxyde d'azote.
Les auteurs de l'étude pensent que plus les particules polluantes dans l'air sont fines, notamment d'origine carbonique entrant dans la combustion des hydrocarbures, ou provenant de l'usure des pneus, plus elles ont de chances de pénétrer dans le cerveau par la voie respiratoire. Elles sont ensuite combattues par le système immunitaire, ce qui provoque une inflammation. Avec le temps, cela devient chronique et endommage le système nerveux central.
Des risques plus élevés en ville
Le problème de la qualité de l'air est particulièrement d'actualité en Chine. Dans une récente étude, des chercheurs de l'université de Pékin et de l'université de Xinhua ont observé près de 20.000 habitants de 25 provinces à travers le pays. Il a été demandé aux sujets d'évaluer leur état psychique entre 2010 et 2014: les scientifiques souhaitaient connaître la fréquence des dépressions, de la nervosité et des déceptions.
Il s'est avéré que l'état psychique dépendait le plus du smog contenant de nombreuses particules toxiques très fines (moins de 2,5 micromètres) et des variations de températures la journée.
Enfin, la plus grande étude sur la recherche d'un lien entre l'écologie et les maladies psychiques a été présentée fin août par des chercheurs de l'université de Chicago (USA) et de l'université d'Orhuss (Danemark). Ils se sont basés sur les informations de 151 millions de cas d'assurance aux États-Unis entre 2003 et 2013 et de 1,4 million de patients nés au Danemark entre 1979 et 2002 et qui y ont vécu les dix premières années de leur vie.
De plus, les chercheurs américains ont évalué l'impact des facteurs sociaux tels que l'accès à l'assurance maladie, les revenus, la densité de la population et l'origine héréditaire - si les sujets avaient des ancêtres d'Europe ou d'Afrique ou s'ils étaient des Américains «de souche».
Au Danemark, les résultats ont montré que chez les individus qui ont grandi dans les régions les plus polluées du pays, le risque de troubles de la personnalité était supérieur de 162%, de schizophrénie de 148%, de trouble bipolaire de 29,4%. Et bien qu'il soit impossible de comparer directement ces résultats avec ceux des observations américaines, la tendance est bien visible.
Par ailleurs, il est encore impossible de prouver un lien de cause à effet entre la pollution de l'air et les troubles psychiques: il existe un trop grand nombre d'autres facteurs nuisibles et de stress qui entourent les citadins. En ce qui concerne le mécanisme d'un tel lien, les auteurs de l'étude avancent trois hypothèses, qui se résument au stress oxydant dans les cellules du cerveau et, par conséquent, à leur dépression, à leur mort et à l'endommagement du matériel génétique.