Le 21 octobre 2019 sera une date fatidique pour les Canadiens. Ils connaîtront dans la soirée le parti qui formera leur prochain gouvernement fédéral. Tous les sondages indiquent une lutte serrée entre les Libéraux de Justin Trudeau et les Conservateurs d’Andrew Scheer. Bien qu’officiellement commencée ce 11 septembre 2019, la campagne était officieusement déjà sur les rails depuis plusieurs semaines.
Il s’agira donc pour les Canadiens de chasser les Libéraux du pouvoir ou d’accorder leur confiance à un autre parti. Plusieurs thèmes phares influenceront leur choix, avec en tête l’environnement, l’économie et l’industrie pétrolière. Des enjeux comme la laïcité québécoise, les droits des Autochtones et l’avortement pourraient aussi influencer l’issue du scrutin.
Nouvelle campagne, nouveaux enjeux
L’environnement n’aura probablement jamais été autant au cœur d’une campagne électorale canadienne. À l’heure de «l’urgence climatique», toutes les conditions sont réunies pour entendre parler d’écologie. À l’exception du Parti populaire du Canada du flamboyant Maxime Bernier, tous les partis ont promis d’en faire une priorité.
Greta Thunberg sera à Montréal pour la manifestation prévue le 27 septembre. En pleine campagne électorale fédérale #polcan #environnement https://t.co/gxhz1WLN96
— Romain Schué (@RomainSchue) September 8, 2019
Le Parti vert du Canada est bien sûr la formation qui prétend avoir le plan environnemental le plus solide. Les Verts fédéraux pourraient d’ailleurs faire une percée symbolique le 21 octobre, en passant de 2 à 4, voire même 5 députés à Ottawa. Tout récemment, ils convainquaient 8 ex-candidats du Nouveau Parti démocratique (NPD) de faire le grand saut, signe de leur nouveau pouvoir d’attraction. Le NPD, grande formation de gauche, est aussi dans la course.
Au Canada, l’environnement est indissociable du débat entourant l’industrie pétrolière concentrée dans la province albertaine. Si les Conservateurs ont promis de relancer cette industrie très profitable, les Libéraux comptent plutôt adopter une position intermédiaire, refusant de condamner directement les sables bitumineux. Pour prouver qu’ils ont aussi un plan environnemental solide, les Libéraux ont d’ailleurs recruté Steven Guilbeault comme candidat à Montréal, un militant écologiste bien connu.
Un écolo devenu politicien : c'est officiel, Steven Guilbeault fait le saut avec les libéraux.
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) June 22, 2019
Reportage de @mj_comeau au #TJ22h#polcan #environnement pic.twitter.com/wbrjonMwA6
L’environnement occupe un tel espace que les chefs de parti sont contraints de se montrer chaque fois plus vert que leurs rivaux, à l’exception bien sûr de Maxime Bernier. Le Bloc québécois, un parti souverainiste au fédéral uniquement ancré au Québec, entend d’ailleurs prouver qu’il est plus vert… que le Parti vert. Si le Bloc entend défendre la nouvelle loi québécoise sur la laïcité, il mise aussi beaucoup sur l’environnement, et par le fait même, sur son opposition au pétrole albertain.
Le seul parti vert au Québec, c'est le Bloc Québécois! #BlocQC #polcan #polqc https://t.co/D3FfJoJbyn
— Bloc Québécois ⚜️ (@BlocQuebecois) May 29, 2019
Il faut dire que la cheffe des Verts fédéraux, Mme Elisabeth May, a déjà entrouvert la porte à l’industrie des sables bitumineux pour des raisons stratégiques. La poursuite de l’industrie pétrolière passerait notamment par la construction d’oléoducs sur le territoire québécois afin d’acheminer le pétrole canadien vers d’autres pays. Un projet auquel sont opposés une majorité des Québécois et leur Premier ministre, François Legault.
L’environnement, un thème qui réunit et divise
Outre l’environnement, la campagne portera aussi sur la gestion des finances publiques et l’état général de l’économie canadienne. Contrairement aux Libéraux qui sont réputés pour dépenser, les Conservateurs promettent de resserrer les dépenses publiques. Malgré la bonne santé de l’économie canadienne, les Libéraux sont accusés d’avoir gaspillé des sommes considérables en engendrant d’énormes déficits budgétaires. Les Libéraux justifient toutefois leur déficit par la stimulation de la croissance.
On doit investir dans nos jeunes pour avoir une #classemoyenne forte et une économie en ↗️. Le 21 octobre, nous avons le choix entre des conservateurs coincés dans le passé ou le programme du @parti_liberal pour le progrès et axé sur nos jeunes. #lib2019 pic.twitter.com/i3qEahqkGe
— Mélanie Joly (@melaniejoly) August 23, 2019
Des enjeux «secondaires», mais pas moins explosifs, comme l’avortement, les droits des Autochtones et la laïcité québécoise pourraient devenir la pomme de discorde. Contre toute attente, le recours à l’IVG revenait tout récemment sur le devant de la scène fédérale, obligeant même les Verts et les bloquistes à prendre position.
L’ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, connue pour avoir tenu tête à Trudeau dans le scandale SNC-Lavalin, compterait forcer les partis à se prononcer sur les droits autochtones. Le 20 septembre, presque un mois exactement avant le scrutin, paraître son livre dans lequel elle critique le bilan des Libéraux dans le dossier des Premières Nations. Réussira-t-elle son coup?
En juin dernier, le gouvernement du Québec a adopté une loi sur la laïcité de l’État qui est toujours considérée par les Libéraux de Trudeau comme discriminatoire envers les minorités religieuses. Les Conservateurs ont promis de ne pas rouvrir le dossier, mais les Libéraux n’ont toujours pas dit s’ils comptaient contester la loi devant les tribunaux. Compte tenu de l’appui massif des Québécois à cette loi (presque 70% selon les sondages), cet enjeu pourrait rapidement changer la face de la campagne. Il faut rappeler que le Québec représente à lui seul environ le quart des sièges à Ottawa. Un parti qui deviendrait trop impopulaire au Québec verrait diminuer ses chances de l’emporter.