L’étincelle qui a mis le feu aux poudres à Hong Kong en fin mars a été la proposition de loi (suspendue depuis) qui prévoit d’extrader vers la Chine continentale les résidents de Hong Kong accusés d’avoir commis des crimes. Depuis, les manifestations se poursuivent.
Les Britanniques ont rétrocédé le contrôle de Hong Kong à la Chine en 1997, mais l’accord conclu entre Londres et Pékin autorise la presqu’île à fonctionner selon son propre système démocratique (mis en place par le Royaume-Uni) jusqu’en 2047: c’est la doctrine du «un pays, deux systèmes». À ce titre, la colère suscitée par le projet de loi sur l’extradition est légitime.
Mais la perception d’une ingérence étrangère pourrait discréditer cette opposition légitime. Une photo parue dans les médias suscite des doutes. Une diplomate américaine en poste à Hong Kong a été photographiée en compagnie de quatre dirigeants des manifestations. Renversez la situation: un cliché dans les médias d’un diplomate chinois en réunion avec des manifestants américains sur le sol américain: les États-Unis seraient-ils en droit d’accuser la Chine d’ingérence? Et dans le cas de Hong Kong aujourd’hui, la Chine est-elle fondée à accuser les États-Unis d’ingérence et à laisser entendre que des affrontements avec la police de Hong Kong pourraient dégénérer en «terrorisme», comme l’ont fait les autorités chinoises?
Qu’est-ce qui se cache derrière ces manifestations? Une résolution de la crise à Hong Kong est-elle possible? Rachel Marsden a posé ces questions à Pierre Picquart. Docteur en géopolitique et en géographie humaine à l’université de Paris-VIII, il est spécialiste de la Chine et du monde chinois.