Mais rien ne semble indiquer pour l'instant que la frange conservatrice de l'élite politique iranienne, plutôt encline à empêcher de telles initiatives, soit prête à de tels pourparlers au sommet, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Donald Trump s'est dit prêt à rencontrer le dirigeant iranien pendant son récent séjour en France. Lors de la conférence de presse finale du G7, le chef de l’État américain a déclaré: «Si les conditions étaient réunies, j'accepterais (de rencontrer Rohani - ndlr), mais à l'heure actuelle ils (les Iraniens - ndlr) doivent devenir de bons joueurs.»
Paradoxalement, la déclaration de Donald Trump a été indirectement approuvée par Hassan Rohani. Ce dernier a déclaré qu'il n'était «pas contre une rencontre» si elle contribuait au développement économique de l'Iran. Commentant l'entretien de Javad Zarif avec les diplomates français en marge du G7 ce 25 août, le dirigeant iranien a déclaré: «Il faut utiliser tous les moyens pour protéger les intérêts nationaux du pays.»
Les sites iraniens d'opposition soulignent que si la visite du ministre Zarif à Biarritz au G7 n'aurait pas pu avoir lieu sans l'approbation du guide suprême Ali Khamenei, on ignore encore si l'ayatollah acceptera d'organiser des pourparlers entre les présidents des États-Unis et de l'Iran. Une telle rencontre pourrait hypothétiquement avoir lieu en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre.
Par ailleurs, Zarif et Rohani, considérés comme les membres de la même branche réformatrice de l'establishment iranien, envoient des signaux complètement différents. «Pendant mon séjour à Biarritz j'ai dit que la rencontre entre le président iranien et Trump était impossible tant que les USA ne revenaient pas au format 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l'Allemagne - ndlr) et ne respectaient pas l'accord nucléaire», a déclaré le chef de la diplomatie iranienne. Et d'ajouter: «Les négociations bilatérales n'auront pas lieu tant que cela ne sera pas le cas.»
«Notre position est claire: les États-Unis et Trump ont détruit l'accord qui était le fruit de longues négociations multilatérales. Aujourd'hui, il faut remplir les accords conclus par le passé. Nous n'observons pas d'actions admissibles de la part des États-Unis en ce sens», a déclaré Mohammad Javad Zarif.
Rien ne prête à croire que l'idée des pourparlers directs avec les autorités iraniennes soit si chaudement accueillie à Washington. Comme l'indiquent les commentaires accordés à la chaîne Fox News, loyale au parti républicain, par Ari Fleischer, ancien porte-parole du président américain George W. Bush:
«Je ne fais pas confiance à l'Iran. Je fais confiance à l'administration Trump. Personne n'a remis en place l'Iran comme l'a fait l'administration Trump. Mais je trouve tout de même inquiétant que le président des États-Unis rencontre le président iranien.»
Il reste tout de même probable qu'une telle rencontre ait lieu avec une médiation active de la France, qui a réussi à inviter le chef de la diplomatie iranienne à Biarritz.
Les experts supposent que la déclaration de Donald Trump n'apporte rien de nouveau.
«Trump veut manifestement forcer l'Iran au dialogue selon ses conditions et le rappelle périodiquement aux Iraniens après chaque cycle de pression sur eux. C'est pourquoi on ne peut pas dire que c'est quelque chose d'extraordinaire. Je ne pense pas que Rohani acceptera personnellement cette invitation. Les conditions actuelles avancées par les États-Unis sont inacceptables pour l'Iran.
De plus, dans son pays, Rohani a pratiquement épuisé ses crédits accordés par le guide suprême pour des négociations avec les Américains. Par ailleurs, la décision de négocier ou non avec les USA est prise au niveau du guide suprême en personne», explique Nikolaï Kojanov, maître de conférences à l'université du Qatar.
«En ce qui concerne les forces conservatrices iraniennes, elles n'admettront pas de négociations si elles étaient menées par Rohani», affirme Nikolaï Kojanov.
Toutefois, même au sein des conservateurs iraniens, dits «faucons», il n'y a pas d'unanimité à Téhéran pour savoir si les autorités doivent ou non entretenir des contacts avec le gouvernement américain actuel et organiser une rencontre au sommet.
«La partie conservatrice de l'élite iranienne n'est pas non plus homogène. Certains pensent qu'il n'y a rien à discuter dans les circonstances actuelles entre les parties, d'autres jugent ces contacts possibles. En fait, il ne faut pas exclure la probabilité d'une rencontre entre Trump et Rohani, mais il existe de nombreux facteurs susceptibles de l'influencer. La situation au Moyen-Orient est aujourd'hui très tendue et instable. C'est pourquoi il est difficile de prédire comment tout se déroulera», conclut l'expert militaire Iouri Liamine.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.