Évoquant récemment la gestion de la crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a déclaré que le pire avait «été évité» et qu’il n’y avait pas eu de «violences irréparables». Des propos que certains manifestants et personnalités se sont permis de critiquer.
Invité du journal télévisé de France 2 lundi 26 août, le Président français a notamment parlé du mouvement des Gilets jaunes et a tenté d’expliquer le nombre élevé de blessés dans le cadre des manifestations.
«Il fallait quand même que l'ordre soit tenu. Et il n'a pas été tenu d'une manière où il y a eu ce que j'appellerais des violences irréparables. Le pire a été évité grâce [au] professionnalisme [des forces de l'ordre]», a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, il a relevé que «tout au long de cette période, il n'y a pas eu de mort à déplorer».
Les affirmations de Macron contestées
Interrogé par France Info le 27 août, Arié Alimi, avocat membre du bureau national de la Ligue des droits de l'Homme, a abordé les propos tenus par Emmanuel Macron et le sujet des mutilations.
«Pourquoi est-ce que notre gouvernement a besoin d’amputer et de mutiler ces citoyens qui manifestent, alors que la plupart des pays européens, tous d’ailleurs, n’ont pas besoin de le faire?», s’est-il demandé, en soulignant que «mettre l’ordre public avant les libertés, c’est l’inverse de l’État de droit».
#ViolencesPolicières@AA_Avocats membre du bureau national #LDH sur les propos dangereux d’@EmmanuelMacron : inverser le paradigme de la démocratie, mettre l’ordre public avant les libertés, c’est l’inverse de l’état de droit !https://t.co/ppJQcgnpTF
— LDH France (@LDH_Fr) 27 août 2019
Jean-François Blanco, avocat et conseiller régional Nouvelle-Aquitaine Europe Écologie Les Verts, s’est résolument élevé contre la «novlangue insupportable de Macron».
Ainsi perdre une main, perdre un œil ne serait pas « irréparable ». La novlangue insupportable de Macron pour évoquer les « mutilations » infligées aux victimes des #violences policières #Antoine @karl_laske @srebiere https://t.co/cGYNc5kzwC
— BLANCO Jean-François (@jfblancoMI) 27 août 2019
La conseillère LFI de Paris Danielle Simonnet s'interroge sur le sort de Zineb Rédouane, octogénaire décédée à Marseille après avoir été touchée au visage, un jour de manifestation des Gilets jaunes, par des éclats de grenade lacrymogène alors qu'elle se trouvait chez elle.
Pour #Macron la police n'a pas commis de «violences irréparables» durant le mouvement des gilets jaunes ? Et Zineb Rédouane ? et les yeux en moins à cause des LBD ? https://t.co/HSubWa4Fkt
— Danielle Simonnet (@Simonnet2) 27 août 2019
Le chef du parti Gauche démocratique et sociale, Gérard Filoche, publie pour sa part une photo présentant des blessés avec Emmanuel Macron au premier plan.
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 27 août 2019
Le journaliste David Dufresne s’est indigné en intitulant son tweet: «"Inacceptables mais pas irréparables", vraiment?». Avant de préciser le nombre de blessés et mutilés.
«Inacceptables mais pas irréparables», vraiment?
— David Dufresne (@davduf) 26 août 2019
Rappelons:
- deux morts,
- 24 éborgnés,
- 5 mains arrachées,
- des estropiés, des lycéens blessés déscolarisés, des mutilés désocialisés, etc. https://t.co/8RecLlm0dB
Quant à Fiorina Lignier, l’une des victimes, qui a été éborgnée lors d'une manifestation de Gilets jaunes, elle souligne que son visage n’est plus le même après qu’elle a perdu un œil.
Macron parle de violences "innaceptables mais pas irréparables".
— Fiorina Lignier (@LignierFiorina) 27 août 2019
J'ai perdu un oeil et mon visage n'est plus le même, ce n'est pas "réparable".
(Mes scanners après le choc)
#GiletsJaunes
#Fiorina pic.twitter.com/Ml26gyMK0i
Le quotidien Libération a exprimé son point de vue sur le choix des mots par le Président de la République en glissant une remarque entre parenthèses.
«Car un œil ou une main en moins, ça se répare visiblement.»
En neuf mois de manifestations des Gilets jaunes, le bilan est de 11 morts (la plupart lors d'accidents de la route), selon Libération et de plus de 4.100 blessés selon Mediapart (en additionnant manifestants et forces de l'ordre).