Airbus n'a pas fini de faire face aux conséquences de l’accident de son A380 au Groenland

CC BY-SA 2.0 / Bill Abbott / Airbus A380, Air France
Airbus A380, Air France - Sputnik Afrique
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L'Airbus A380, légende de l'aviation civile mondiale et plus grand avion de ligne du monde, rencontre de nouveaux problèmes: des pièces importantes des moteurs doivent être vérifiées voire remplacées sur une grande partie du parc mondial.

Cette histoire aux airs de polar a commencé il y a presque deux ans par un incident curieux qui a attiré l'attention des spécialistes de l'aviation. Le 30 septembre 2017, un A380 reliant Paris à Los Angeles avait vu l'avant de son moteur droit arraché avec le ventilateur alors qu'il survolait le Groenland, écrit le site d'information Gazeta.ru.

496 passagers et 24 membres d'équipage se trouvaient à bord de l'appareil. Ce dernier avait dû se poser d'urgence avec trois moteurs sur la base aérienne de Goose Bay au Canada, où les passagers avaient passé 24 heures.

Les moteurs d'avion contemporains sont construits de manière à ce qu'en cas de pénétration d'un oiseau ou de lame brisée, aucune conséquence sérieuse ne s'ensuive. Cependant, les images de l'avion qui s'est posé d'urgence montrent que le quatrième moteur a complètement perdu son capot et son ventilateur en vol, poursuit le site Gazeta.ru.

«Nous avons regardé par le hublot et avons vu que la moitié du moteur avait disparu», a témoigné le passager Enrique Guillen. D'après son récit, l'avion était en vol depuis deux heures quand les passagers ont entendu un bruit inhabituel.

Par la suite, certaines pièces du moteur ont été découvertes dans la glace du Groenland, puis remontées par hélicoptère pour être examinées à Paris. La Federal Aviation Administration (FAA) avait alors ordonné à toutes les compagnies aériennes disposant d'A380 avec des moteurs GP7200 construits par Engine Alliance de procéder à une revue visuelle des douilles de ventilateur de tous les moteurs de la série.

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Deux ans après la défaillance d’un A380 d’Air France, son moteur retrouvé sous les glaces du Groenland – images
Cependant, l'histoire ne s'est pas arrêtée là. Le fait est que les recherches au Groenland n'avaient pas permis de découvrir les principales pièces manquantes du moteur, qui auraient permis de faire la lumière sur les circonstances de l'incident.

En mai 2019, les recherches ont repris. Les scientifiques ont utilisé des méthodes sophistiquées de recherche d'objets métalliques sous la neige, notamment à l'aide d'un radar installé à bord d'un avion et, enfin, en juillet, les recherches ont abouti: les pièces manquantes ont été remontées à la surface - un moyeu du ventilateur avec des lames.

L'examen des douilles en alliage de titane a permis de découvrir une «fissure de fatigue sous la surface», suite à quoi la FAA, se référant à la décision du producteur des moteurs, a publié une directive de navigabilité évoquant la nécessité de vérifier la fixation des douilles de moteur pour identifier la présence éventuelle de fissures et d'usures sur les avions survolant le territoire américain. La vérification devra notamment recourir à la méthode de contrôle par courants de Foucault.

Cela concerne les avions dotés du moteur GP7200.

«Le fabricant a également mis au point une nouvelle structure de verrous de lame qui réduit la probabilité de destruction du moyeu en cas de déboulonnage. La FAA a publié cette directive pour déterminer les défauts, les dommages et les failles qui pourraient entraîner une destruction non localisée du moyeu de ventilateur. Un état insécurisé, s'il n'était pas remarqué, pourrait conduire à la destruction du moyeu, à l'endommagement du moteur et de l'avion», stipule la décision du régulateur.

Cependant, pour certains numéros de série de moteurs GP7270 et GP7277 les exploitants devront procéder à un remplacement coûteux de toutes les fixations des lames des ventilateurs.

Et si la revue et la vérification du système coûteraient aux compagnies aériennes seulement 1.190 dollars, le remplacement complet de la fixation des lames sur un seul moteur avoisine 800.000 dollars et demanderait 50 heures de travail.

Comme chaque avion possède quatre moteurs, certains propriétaires devront débourser plus de 3 millions de dollars pour la maintenance de leurs appareils.

La directive entrera en vigueur le 30 août 2019 avec un délai d'application courant jusqu'au 1er septembre 2020. Les moteurs pour l'A380 sont fabriqués par deux compagnies: l'américaine Engine Alliance et la britannique Rolls-Royce. Sachant que la société américaine a installé ses moteurs sur 152 des 237 avions qui volent à travers le monde aujourd'hui.

Pour l'instant, on ignore quels avions seront inspectés, mais les experts pensent que c'est Emirates qui sera la première à devoir se plier à la directive: cette compagnie possède 112 A380 et 11 autres ont été commandés. Sachant que jusqu'en 2015, les moteurs étaient fournis à Emirates par Engine Alliance, après quoi le client y a renoncé au profit de Rolls-Royce.

La nécessité des vérifications et de la maintenance pourrait sérieusement affecter l'activité de la compagnie, car cela demanderait une suspension de l'exploitation des avions, qui occuperont pendant une longue période les hangars. Toutefois, Emirates n'est pas l'unique opérateur qui attend cette nouvelle peu réjouissante. D'après les analystes, les mêmes moteurs de la série GP7200 sont installés sur les avions des compagnies Etihad, Air France, Korean Airlines et Qatar Airways. Toutes devront inspecter les moteurs, mais les réparations coûteuses ne seront pas obligatoires dans tous les cas.

La compagnie Airbus n'a fourni aucun commentaire sur la situation.

En février 2019, le groupe européen Airbus a décidé de cesser la construction de l'A380, renonçant à l'idée d'en faire l'avion du XXIe siècle selon la décision annoncée par le groupe. Cette décision a été prise dans un contexte de réduction des commandes pour ce type d'appareils - un problème qui a remis en question l'avenir du célèbre avion ces dernières années.

La dernière goutte a été la réduction du portefeuille de commandes du plus grand client, Emirates, qui a décidé de le réduire de 162 à 123 avions.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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