Environ 4.000 personnes ont été contraintes de vivre des années durant dans le camp de migrants Cara di Mineo, en Sicile, en attendant l’examen de leur demande d’asile. Sans papiers, la seule chose qu’ils pouvaient faire, c’était travailler au noir. Au lieu des 35 jours prévus par la loi pour l’examen de leur demande, les migrants attendaient au moins 18 mois, a raconté à Sputnik Alfonso Di Stefano, militant d’un mouvement antiraciste dans la province de Catane.
Calvaire des demandeurs d’asile
«En 2014, déjà plus de 4.000 migrants habitaient dans ce camp, éloigné de 11 km de la plus proche agglomération située dans la montagne. C’est ce qui a créé le problème de ségrégation, car des années durant, ces gens ont été isolés de la société. […] Personne ne se souciait de la sécurité des migrants, personne ne faisait attention au fait qu’ils étaient exploités à titre de main-d’œuvre bon marché pour rentrer la récolte. Depuis déjà une dizaine d’années, la moyenne du salaire journalier pour les travailleurs roumains et maghrébins [en Italie, ndlr] avoisinait 25 euros, alors que les migrants ne touchent que 10 à 25 euros. Il est cependant vrai qu’ils étaient logés et nourris», détaille l’interlocuteur de l’agence.
Le matin, les «employeurs» ramassaient les migrants, établissaient un salaire journalier, les amenaient dans les champs, leur donnaient de l’eau et de la nourriture. Tout avait son prix: 5 à 10 euros pour le transport, 1,5 euro pour l’eau, le coût de la nourriture variait. Le migrant n’avait pas le choix: s’il renonçait au repas ou s’il protestait, un autre serait tout simplement pris à sa place la prochaine fois.
Les «employeurs» gagnaient de l’argent sur les salaires des ouvriers migrants, sur les transports et autres services payants.
Ce camp avait été construit non loin de la ville italienne de Mineo dans les années 1990 pour les militaires des États-Unis déployés en Sicile. Il représente un territoire de plusieurs centaines de maisons derrière une clôture en fil de fer barbelé. En 2010, l’US Navy a décidé de ne plus prolonger le bail, et c’est ainsi qu’est apparu le Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (С.A.R.A.) de Mineo. Le camp de migrants Cara di Mineo a été fermé en juin 2019 à l’initiative du ministre de l’Intérieur et vice-président du Conseil italien, Matteo Salvini.