Victimes de sévices, les sœurs Khatchatourian tuent leur père tortionnaire: histoire d’une enquête

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Reconnues enfin comme victimes de leur père qu’elles ont tué il y a un an, les sœurs Khatchatourian pourraient n’encourir aucune responsabilité pénale. Récapitulatif de l’affaire qui a poussé la société russe à se mobiliser en soutien à ces jeunes femmes ayant vécu des sévices difficiles à imaginer.

Les sœurs Khatchatourian ont été reconnues victimes de leur père et pourraient n’encourir aucune responsabilité pénale pour son meurtre.

Selon la presse russe, les représentants du Comité d’enquête de Russie ont remis aux avocats des trois sœurs la décision officielle sur le refus d’intenter une affaire pénale contre leur père, suite à son décès, pour harcèlement sexuel et sévices qu’il leur avait infligés. Les faits de ces outrages ont été confirmés par l’enquête. Les avocats espèrent maintenant prouver que les jeunes filles, réduites au désespoir, avaient agi dans le cadre de la légitime défense, ce qui signifie que l’affaire pénale intentée contre elles devrait être fermée.

«Le Comité d’enquête de Russie a confirmé que les jeunes filles ont été soumises durant plusieurs années à des sévices systématiques et au harcèlement sexuel», a déclaré l’avocat de l’une des sœurs, Alexeï Parchine.

Il a fait remarquer qu’il était «d’ores et déjà évident» que les actions des jeunes filles n’avaient pas dépassé le cadre de la légitime défense puisqu’elles luttaient pour leurs vies.

«Après que les documents de l’enquête préliminaire auront été étudiés, nous prévoyons de demander l’arrêt des poursuites judiciaires contre les jeunes filles. Si nous sommes déboutés, nous porterons plainte auprès des instances appropriées», a-t-il ajouté.

Le dossier Khatchatourian

Cette affaire a provoqué une scission tant au sein de la société qu’entre les membres de la famille du père, Mikhaïl Khatchatourian. Ainsi, les sœurs de l’homme d’affaires comme il se présentait, représentant en vue de la diaspora arménienne, affirment que c’était un saint et demandent par conséquent une lourde peine de prison pour les trois sœurs.

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Selon le journal Kommersant, les défenseurs de la cause de Mikhaïl Khatchatourian ont avancé une théorie selon laquelle les avocats pourraient être complices de ce meurtre. Ils affirment que les juristes connaissent les trois sœurs et que ces dernières ont planifié l’assassinat de leur père avant d’agir sous la houlette des avocats. Le Comité d’enquête n’a trouvé aucune confirmation de théorie.

Les sœurs Krestina, Angelina et Maria, âgés respectivement de 19, 18 et 17 ans au moment des faits, ont attaqué leur père dans son sommeil dans leur appartement le 27 juillet 2018, lui portant plusieurs coups avec un marteau et son couteau de chasse. Elles ont fourni comme explication des violences systématiques.

Selon certaines données, l’homme avait des problèmes psychiques, ce qui ne l’a pourtant pas empêché de détenir tout un arsenal d’armes. Les enquêteurs en ont retrouvé un grand nombre dans l’appartement, notamment des armes blanches, à air comprimé et à gaz. Certains témoins et connaissances de la famille ont affirmé que, malgré ses apparences — Mikhaïl semblait être gentil — c’était un tyran qui se droguait.

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Les trois jeunes filles, qui risquent 20 ans de prison, ont d’abord été placées en détention provisoire, avant d’être assignées à résidence dans l’attente de leur procès.

La société prend la défense des sœurs

L’affaire a suscité un mouvement de soutien contre la violence domestique dans l’ensemble du pays. Des marches et manifestations devaient se tenir Moscou, mais la mairie de la ville a refusé l’organisation d’actions qui étaient été prévues pour les 6 et 27 juillet, ainsi que pour les 3 et 17 août.

Les militants ont alors organisé des piquets et c'est surtout en ligne et sur les réseaux sociaux que la population se mobilise. Ainsi, une action a été lancée pour exiger le réexamen de l’affaire et la pétition en ligne a rassemblé quelque 160.000 signatures en moins de 10 jours.

Des actions ont été tenues dans plusieurs villes de Russie, notamment à Saint-Pétersbourg et Nijni Novgorod.

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Mais aussi dans d’autres villes, notamment dans les capitales des anciennes républiques soviétiques, comme à Bichkek par exemple:

À Erevan, la capitale de l’Arménie, dont Mikhaïl Khatchatourian était un ressortissant, les hommes sont sortis vêtus de t-shirts portant l’inscription «Je ne suis pas Mikhaïl Khatchatourian».

Le hashtag #NousSommesLesSœursKhatchatourian est devenu très populaire dans la partie russophone du web.

Cette affaire a également donné naissance au hashtag #JeNeVoulaisPasMourir.

Les victimes des violences domestiques y racontent leur histoire et soulignent la nécessité d’adopter une loi contre ce phénomène.

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