Neuf opérations de contrôle de la maintenance des rails et de la signalisation électrique effectuées entre le 29 avril et le 23 mai par dix enquêteurs de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) ont démontré que les problèmes au sein de la SNCF à l’origine des accidents de Brétigny et de Denguin perduraient.
Un rapport confidentiel présenté par les enquêteurs et dont Le Parisien a pris connaissance s’avère inquiétant: il constate «un écart majeur sur le niveau de maîtrise du processus de maintenance de l'infrastructure».
Câbles défectueux et fils rongés
Après avoir examiné environ 14.000 kilomètres de voies ferrées commerciales, les enquêteurs ont relevé que sur les 413 anomalies de signalisations électriques repérées par la SNCF qui pouvaient avoir un impact sur la sécurité des circulations, près de 20 % ont été traitées hors des délais réglementaires. Une trentaine n'était toujours pas réparée lors du contrôle. Certaines affichaient même un an de retard.
Pire, un fil électrique rongé a été découvert sur un passage à niveau de la ligne Le Dorat - Limoges (Haute-Vienne). Après des vérifications plus poussées, un autre fil rongé a été trouvé.
L’accident qui n’aurait rien appris
Un cadre de la SNCF a confié au journal sous couvert d’anonymat que l’accident de Denguin où des fils électriques avaient été dénudés par des rongeurs n’avait rien appris à l’entreprise publique et que le rapport montrait que malgré la recommandation de renforcer la protection des installations contre les rongeurs, cela n’était pas fait partout.
Rails déboulonnés
La situation est aussi alarmante eu égard à l'entretien des rails. Plusieurs centaines d'anomalies n'ont pas été traitées dans les délais, dont une avait même presque deux ans de retard.
«Il n'est pas possible d'avoir la garantie que les anomalies identifiées lors de ces opérations de surveillance ont bien été traitées», écrivent les auteurs du rapport cités par Le Parisien.
Aussi, en effectuant eux-mêmes des contrôles le long des voies ferrées, les enquêteurs ont découvert des dizaines d'anomalies, certaines pouvant impacter la sécurité, qui ne figuraient pas dans les rapports de la SNCF. Des éclisses destinées à relier deux rails ont été découvertes avec des boulons desserrés voire manquants.
«Pas de suivi et des boulons absents, on connaît la suite: c’est l’accident de Brétigny», a renchéri la source du média.
La SNCF se défend
Même défense sur le manque de traçabilité sur le suivi des travaux, déjà pointé du doigt après l'accident de Brétigny.
«C'est en cours de déploiement, on y met beaucoup d'énergie, insiste le responsable. Il y a encore à faire. C'est normal qu'on ne soit pas encore exhaustif», a déclaré au Parisien Olivier Bancel, directeur général adjoint à la direction opération et production de SNCF Réseau.
Et de résumer: «Quand il y a un écart par rapport à la norme, ce n'est pas bien. Mais ce n'est pas pour cela qu'il y a un problème de sécurité. Sinon, l'EPSF interromprait immédiatement la circulation des trains sur les voies concernées.»