Rencontre Poutine-Macron: dans le dossier iranien «les mots ne suffisent plus»

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Le dossier de l’accord iranien est l’un de points importants abordés lors de la rencontre entre Poutine et Macron au fort de Brégançon. Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran, commente le dossier pour Sputnik.

Qui aura plus d’influence sur l’avenir de l’accord nucléaire iranien: le sommet du G7 à Biarritz ou le sommet de 35 mètres du fort de Brégançon? La rencontre entre Poutine et Macron, une semaine avant la grande messe du Groupe des sept, a son rôle à jouer dans les questions politiques et économiques à l’ordre du jour du Moyen-Orient.

«Je pense que nous réussirons à créer une nouvelle architecture de sécurité entre l'Union européenne et la Russie. La France est prête à jouer un rôle dans ce processus. Je parle non seulement du désarmement, mais également d'autres questions. Je pense que nous pourrons travailler ensemble sur la sécurité de notre continent», a déclaré Emmanuel Macron lors du point presse avant sa rencontre avec Vladimir Poutine.

Déjà il y a un mois, les deux Présidents s’étaient parlé au téléphone pour convenir de «consolider les efforts» et sauver l'accord sur le nucléaire iranien. «Les deux parties ont souligné que l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien était un facteur important pour assurer la sécurité au Moyen-Orient et maintenir le régime de non-prolifération nucléaire», avait déclaré à l’époque le service de presse du Président russe.

Pour Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), il n’y a plus de temps à perdre, «puisque, au pires des scenarios, un affrontement entre les États-Unis et l’Iran serait catastrophique»:

«Pour maintenir l’Iran dans l’accord, il faut une sorte de coopération plus prononcée entre l’Europe et la Russie», précise à Sputnik Thierry Coville.

Pour ce spécialiste de l’Iran, «parmi les signataires de l’accord, l’Europe toute seule a du mal à lutter contre les sanctions américaines». Et surtout, «il y a ce qui est dit dans le dossier diplomatique et il y a la réalité du dossier». Dans la réalité du dossier, l’Iran est engagé dans des petites phases de sortie de l’accord. Et Téhéran demande la diminution ou l’annulation des sanctions américaines.

«Si on estime que la défense de l’accord sur le nucléaire iranien est un élément important de la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde, on voit que les cinq signataires de cet accord doivent s’entendre», insiste Thierry Coville.

«Nous sommes attachés l’un et l’autre à la désescalade de la crise» iranienne, a annoncé Emmanuel Macron devant les journalistes, lors de son mot d’accueil à Poutine cet après-midi. «Nous souhaitons avoir un agenda plus large pour garder la stabilité dans la région».

«On n’est plus dans les ʺquestions d’agendaʺ», détaille Thierry Coville. «Pour septembre, l’Iran annonce des pas pour sortir de l’accord. Éventuellement, ils atteignent l’enrichissement de l’uranium à 20%. Ça va devenir grave».

«C’est le maintien, ou non, des sanctions américaines qui continuent à perturber l’économie iranienne, qui va décider les Iraniens de rester, ou non, dans l’accord,», assure Thierry Coville, avant de rajouter d’être «gêné de lire dans la presse française que "la France va pousser la Russie à user de son influence pour garder l’Iran dans cet accord"», puisqu’il pense «qu’il n’y a aucun chance».

«Il est intéressant de voir si la Russie et l’Europe arrivent à une coopération. On est à un stade où il faut vraiment trouver des moyens. Si ce n’est pas le cas, la crise va continuer. Les mots ne suffisent plus», conclut l’expert.

Une chance, alors, pour Emmanuel Macron qui souhaite «réinventer les nouvelles relations» avec la Russie comme il l’a déclaré avant sa rencontre avec Vladimir Poutine en France.

En mai 2018, Donald Trump a annoncé le retrait de Washington de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Et un an plus tard, le Président iranien Hassan Rohani a déclaré que Téhéran suspendait une partie de ses obligations en donnant deux mois aux autres participants pour revenir à sa mise en œuvre. Le 8 juillet dernier, Téhéran avait annoncé le début de l’enrichissement de son uranium à un taux supérieur à 3,67%, le niveau maximum prévu par l’accord nucléaire.

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