Un nouvel épisode dans l’affaire Sarkozy-Kadhafi a été dévoilé par le Journal du dimanche (JDD), selon lequel la justice française a suivi pendant de longs mois une fausse piste.
Ainsi, en juin 2018, les juges parisiens Serge Tournaire et Aude Buresi ont reçu un courrier d’un avocat de Saint-Étienne qui leur a parlé d’un certain détenteur d’informations sur l’affaire Sarkozy-Kadhafi. Prénommé Ali. K., «agent secret et homme d’affaires», il se trouvait à Saint-Étienne après avoir déposé une demande d’asile et aurait des informations «explosives» contre Nicolas Sarkozy.
Voyage à Saint-Étienne
Le 11 juillet 2018, les deux juges se sont rendus à Saint-Étienne, dans le bureau de l’avocat susmentionné, «sans demander de vérification préalable à la police», toujours selon le JDD.
Sur place, ils sont devenus les témoins d’un «récit abracadabrant, suite improbable d’exploits, d’exodes et de complot».
L’agent K a évoqué également des documents contenant les preuves de la culpabilité de Nicolas Sarkozy, mais l’avocat a indiqué que la condition pour qu’il les livre soit la «régularisation du titre de séjour de son client».
Un «accord secret» prétendument signé par Sarkozy
L’un des juges s’est de nouveau rendu à Saint-Étienne fin 2018, où l’agent K lui a alors présenté de nombreux documents «accablants». Ainsi, un des papiers, signé par un Libyen haut placé, attestait que l’ancien Président français avait touché 20 millions d’euros de l’administration Kadhafi. Un autre s’avérait être un certain «accord secret» prétendument signé par Nicolas Sarkozy en personne. Les preuves semblant être crédibles, les deux juges ont porté leur regard vers Tripoli.
Cependant, il se trouve que les papiers étaient des faux.
Précédemment, le député LR Éric Ciotti a demandé l’ouverture d'une «enquête administrative» sur le juge d'instruction Serge Tournaire qui aurait conclu un accord avec l’un des accusateurs de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen, a annoncé le JDD.
Affaire libyenne
Les accusations de financement libyen ont été lancées en 2011 par Saïf al-Islam Kadhafi, le deuxième fils du défunt dirigeant libyen, qui avait alors dit avoir été le témoin de la livraison à Tripoli du premier paiement à Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, et avait annoncé être prêt à témoigner contre l'ex-Président. Ces accusations ont été reprises notamment par l'ex-Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi et par l'ancien chef du renseignement militaire, Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi, sans pouvoir toutefois être étayées matériellement.
Nicolas Sarkozy avait été placé le 20 mars 2018 en garde à vue dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, dans le cadre de l'enquête sur le présumé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. C'était la première fois que l'ancien chef de l'État était entendu dans le cadre de cette affaire depuis l'ouverture de l’information judiciaire en avril 2013.