Le tourisme russe au Canada, «un marché à étudier pour les prochaines années»

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Le tourisme russe est-il en expansion au Canada? Les données sont peu nombreuses, mais des organismes notent la présence croissante des Russes sur le terrain. Par exemple, dans la province du Nouveau-Brunswick, les touristes russes sont bien visibles, contribuant à l’économie locale. Le compte rendu de Sputnik.

Selon le groupe de recherche Euromonitor, le Canada a accueilli 24.900 touristes russes en 2018 et prévoit en accueillir 29.300 en 2023. Au pays de l’érable comme ailleurs dans le monde, le marché du tourisme russe est en plein essor. À lui seul, le Québec a accueilli 4.800 Russes en 2017 et 3.700 en 2018, d’après Tourisme Montréal.

Dans un article publié en 2005, le spécialiste québécois de l’économie touristique, Claude Péloquin, invitait le Canada à s’intéresser davantage au marché russe. Selon lui, «c’est la présence d’une offre authentique qui provoque chez les Russes l’envie de visiter une destination». Une offre que le Canada peut certainement représenter avec ses sites historiques, ses vastes écosystèmes… et sa passion pour le hockey.

«D’autres facteurs jouent un rôle favorable lorsque vient le temps d’évaluer l’intérêt potentiel du marché russe envers le Canada ou le Québec. Par exemple, cette clientèle a l’habitude de voyager sur de grandes distances, ce qui est compatible avec nos grands espaces. De plus, ce segment affiche un niveau de dépenses supérieur [à d’autres populations, ndlr]», écrivait M. Péloquin.

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Selon les données de l’Observatoire valaisan du tourisme, les dépenses des touristes russes à l’étranger ont augmenté de 147% de 2005 à 2012. Des dépenses qui ont continué à augmenter à un rythme régulier depuis cette période. Malgré les aléas de l’économie, les Russes continuent à parcourir le monde.

Malheureusement, les données manquent pour mesurer précisément la croissance du tourisme russe au Canada. Durant son enquête, Sputnik a constaté qu’aucun organisme ne détenait les informations nécessaires pour brosser un portrait exact de la situation. Le Canada sait combien de Russes entrent chaque année sur son territoire, mais ne compile aucune donnée sur leurs préférences, intérêts et activités favorites. En l’absence d’indicateurs, le Canada ne peut même pas encore différencier le tourisme d’affaires de celui d’agrément.

Des données insuffisantes pour bonifier l’offre

De même, les organismes touristiques ne savent pas exactement quelles sont les villes et régions préférées des Russes. Pourtant, ce genre de statistiques existent pour d’autres marchés importants comme celui des États-Unis, de la France et de la Chine. Sans ces données, le Canada ne peut développer une offre plus alléchante pour la clientèle du pays des tsars. C’est une question de marketing.

«Le tourisme russe n’est pas comptabilisé dans nos enquêtes officielles. Il nous est donc impossible de vous fournir une quelconque donnée», a répondu à Sputnik Ghislain Dumas, directeur des politiques et de l’intelligence d’affaires du ministère québécois du Tourisme.

Le consulat général de Russie à Montréal est d’avis que plus de contenu sur le sujet stimulerait davantage le tourisme russe au Québec:

«Nous croyons que tout type d’information contribuerait à augmenter l’intérêt des citoyens russes pour cette province», a quant à lui répondu le vice-consul russe à Montréal, Sergey Vlasov.

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Malgré tout, des gens observent une présence accrue des touristes russes sur le terrain. C’est le cas de Yannick Mainville, directeur du développement touristique à la commission des services régionaux de la péninsule acadienne. L’Acadie, une région francophone de la province du Nouveau-Brunswick, est un atout important de l’Est canadien. Avec son histoire unique, ses plages et sa gastronomie, l’Acadie a tout pour charmer les voyageurs des quatre coins du monde.  

«Au Nouveau-Brunswick, nous n’avons pas non plus nécessairement de statistiques en ce qui concerne le marché du tourisme russe. C’est la même chose au Québec au niveau des données. Mais nous observons actuellement la présence de touristes russes dans plusieurs attractions majeures, comme le village historique acadien, qui raconte l’histoire de l’Acadie de 1770 à 1949», indique Yannick Mainville.

M. Mainville observe que les touristes russes apprécient particulièrement le caractère authentique de l’Acadie, confirmant l’hypothèse de Claude Péloquin.

«On voit que les Russes veulent en apprendre plus sur l’histoire acadienne, sur la manière dont nous vivons. Ils veulent découvrir les traditions de la région. Ils s’intéressent beaucoup à nos produits locaux», s’est réjoui le directeur touristique.

Mais d’où vient l’intérêt des Russes pour cette région canadienne plutôt méconnue? Selon lui, le hockey –une passion commune– pourrait y être pour quelque chose:

«L’essor du tourisme russe en Acadie s’explique peut-être par la présence de joueurs de hockey russes dans la région. Certains ont joué dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec, entre autres, dans les villes de Bathurst et Moncton. Est-ce que le tourisme est relié à ça? C’est possible, puisque le Canada ne mise pas vraiment sur la Russie dans ses campagnes de promotion touristique», a-t-il mentionné.

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Il existe toutefois une autre explication. La diaspora russe installée au Nouveau-Brunswick stimulerait également le tourisme local. Les Russes découvrent leur province adoptive et encouragent des gens de leur entourage à y voyager. De fait, il existe une importante communauté russe à Moncton, plus grande ville néo-brunswickoise. En 2014, au moins 200 familles russes vivaient déjà aussi à Saint-Jean, seconde plus grande ville de la province. À Moncton, un journal en russe est d’ailleurs publié depuis plusieurs années.

Yannick Mainville estime que le marché russe devrait être pris plus au sérieux par les organismes. «C’est un marché à étudier pour les prochaines années», conclut-il. Les mois de mai, juin, septembre et octobre sont les mois durant lesquels les citoyens russes sont les plus susceptibles de visiter le Canada.

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