La quasi-totalité des habitants d’El Callao, municipalité qui se situe dans l’Arc minier de l’Orénoque, travaillent dans les mines ou vivent du commerce généré par l’extraction de l’or.
«Il pleut ici, et l’or s’y trouve pratiquement sur les trottoirs», raconte à Sputnik un certain Miguel Rivas, habitant d’El Callao.
Le travail des chercheurs d'or est pénible et dangereux. Ils utilisent souvent des outils primitifs, notamment des pioches, des poulies et des treuils, et creusent parfois des tunnels à main nue. Après, il n’est pas rare qu’ils portent eux-mêmes de lourds sacs, remplis de minerais, vers un broyeur.
«Presque tout le monde travaille dans les mines. C’est pourquoi presque personne ici ne porte de vêtements propres. En règle générale, les gens sont éclaboussés de boue jusqu’aux genoux», ajoute M.Rivas qui a lui-même travaillé pendant 17 ans dans une mine avant de contracter le paludisme.
Paludisme
«À El Callao, le paludisme c’est comme la grippe ou la dengue qui y est très fréquente», indique à Sputnik un autre habitant local qui se présente tout simplement comme Richard.
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le paludisme peut entraîner la mort du malade en l’absence de traitement médical pendant les premières 24 heures. Et le Venezuela figure parmi les pays où les cas de paludisme se multiplient le plus rapidement.
«Bien que la distribution de médicaments [contre le paludisme, ndlr] soit gratuite, on en manque souvent, et les gens doivent donner jusqu’à quatre grammes d’or [120 dollars, un gramme d’or coûtant 30 dollars au 5 août dernier] pour en obtenir au marché noir», relève une autre interlocutrice de Sputnik, Mariana Gutierrez, propriétaire d’une petite boutique alimentaire à côté d’une mine.
Une illusion d’or
«Cela ressemble bien à une illusion. En effet, tu viens et fais tout afin d’extraire de l’or et en touches deux grammes par jour [60 dollars]. Pratiquement personne n’en touche autant dans le pays. Mais cet argent te suffit à peine, car 50% sont empochés par ceux qui contrôlent les mines [des gangs, ndlr], et une autre partie revient aux militaires. Il ne te reste que très peu d’argent pour payer l’hôtel, acheter à manger et envoyer quelque chose à ta famille», confie à Sputnik un jeune homme qui revient de la mine de Nacupay après une journée de travail.
Au Venezuela, le salaire minimum ne dépasse pas les trois dollars.
«Je viens de Barinas [dans l’ouest du pays, ndlr] et je travaille déjà depuis trois ans dans des mines. Cette vie n’est qu’un piège: chaque jour, j’extrais un ou deux grammes d’or, mais j’en dépense bien davantage. Ainsi, un kilo de spaghetti coûte 0,60 cents, et le loyer d’une tente me revient à quelque neuf dollars. C’est alors que tu comprends que tu n’as pas d’argent réel», dit à Sputnik une certaine Patricia.
Malgré le taux d'accidents élevé et les gangs qui cherchent à tirer profit du travail des chercheurs d'or, l'extraction de ce métal précieux reste lucrative du fait de l'hyperinflation qui sévit au Venezuela.
En juin, le Président Nicolas Maduro a déclaré que le Venezuela se classait sixième dans le monde pour le volume de ses réserves d’or. Selon lui, le pays entend certifier ces réserves, optant pour l’extraction de ce métal précieux afin de surmonter la crise économique et faire face aux sanctions imposées par les États-Unis.