Le refus de l'Allemagne de rejoindre la coalition navale dirigée par Washington pour escorter les navires dans le détroit d'Ormuz témoigne de la perte d'influence des États-Unis sur d’autres pays, a déclaré au micro de Sputnik l’américaniste et spécialiste de la littérature postcoloniale Mohammad Marandi, enseignant à l'université de Téhéran.
Baisse d’influence des États-Unis
«Je pense que c’est un signe de la baisse d’influence des États-Unis dans le monde. La Grande-Bretagne n’est certes plus une grande puissance navale, et les Iraniens n’ont pas à s’en préoccuper», a-t-il estimé, rappelant que le refus de l’Allemagne de rallier la coalition proposée par Washington faisait du Royaume-Uni le seul pays à l’avoir accepté.
Et d’ajouter que sous la présidence de Barack Obama, la politique des États-Unis n’était pas meilleure.
«Le gouvernement américain pratiquait alors une politique très similaire à celle que Trump mène actuellement. Mais, à cause du caractère de Trump et de la manière dont il traite les problèmes internationaux, les États-Unis se sont retrouvés isolés de sorte que les autres pays hésitent à coopérer avec eux», a expliqué l’expert.
Les USA de plus en plus isolés dans le monde
Et de rappeler que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avait constaté que les États-Unis n’avaient pas réussi à créer une coalition navale alliée dans le golfe Persique.
«Aujourd'hui, les États-Unis sont seuls au monde et ne peuvent pas créer de coalition [dans le Golfe]. Les pays qui sont leurs amis ont trop honte d'être dans une coalition avec eux», avait ainsi souligné le ministre.
Selon Mohammad Marandi, indépendamment du fait que d’autres pays rejoignent ou non la coalition navale américaine dans le détroit d’Ormuz, l’Iran n’a pas besoin d’un médiateur entre lui et les États-Unis.
L’Iran n’a pas besoin d’intermédiaires
M. Marandi a estimé que la France n’avait pas été un intermédiaire tout à fait honnête, alors que la Jordanie n’était pas un pays ayant des relations particulièrement étroites avec l’Iran.
«L’Iran n’a besoin d’aucun pays pour jouer le rôle de médiateur. Le golfe Persique est pacifique et stable. […] Des centaines de pétroliers et de cargos traversent chaque jour le détroit d'Ormuz», a-t-il relevé.
D’après l’expert, ce n’est que depuis que les Américains ont commencé leur campagne de pression et qualifié d’organisation terroriste le corps des Gardiens de la révolution islamique (GRI) que la situation est devenue de plus en plus dangereuse.
«Je pense que la seule solution est que les États-Unis reculent, et que le gouvernement américain commence à se comporter de manière plus adéquate pour que la situation redevienne normale», a conclu l’universitaire.
Sans exclure de s'engager dans une mission européenne dans le détroit d’Ormuz, l'Allemagne ne participera toutefois pas à une opération navale dirigée par les États-Unis, avait déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.
Le golfe Persique et les zones adjacentes sont sujets à de vives tensions depuis plusieurs semaines. Les Gardiens de la révolution ont arraisonné le 19 juillet le pétrolier britannique Stena Impero dans le détroit d'Ormuz «pour violation des règles internationales». 23 marins se trouvaient à bord, dont trois Russes, d'après Northern Marine Management Ltd, qui gère le pétrolier. Le Royaume-Uni avait auparavant arraisonné un pétrolier iranien à Gibraltar, accusé de livrer illégalement du pétrole à la Syrie.