«Les flics sont à un mètre, y’a pas une bagarre, y’a pas une embrouille, y’a rien qui brûle! Nous, on n’est pas les Gilets jaunes, on n’est pas les black blocs!»
«Leur vie est violente et ils célèbrent violemment. C’est ça que les Français ne peuvent pas comprendre», confiait à Paris la sœur d’une supporter à nos confrères du Monde, visiblement sous le charme de cette «liesse». «Deux poubelles» incendiées et une voiture «endommagé[e]» et 50 interpellations dans la nuit à Paris, contre les 175 effectuées dans la journée, «pas de quoi impressionner les “gilets jaunes”», concluent les journalistes du quotidien, qui semblent avoir choisis leur camp.
Toutefois, tous ne semblent pas partager cette perception des évènements, à commencer par la Préfecture de police qui avance le chiffre de soixante-deux véhicules «incendiés à Paris et dans les départements adjacents» et de nombreux (160) jets de projectiles «dont une partie contre les forces de l’ordre ou du mobilier urbain». À l’échelle de la capitale et de sa petite couronne, 189 personnes seront interpellées dans la nuit, 282 dans toute la France. Un nombre auquel s’ajoute celui des 202 «vidéo-verbalisations» effectuées, pour conduite dangereuse de véhicule, rien qu’à Paris.
Par ailleurs, les vidéos impressionnantes qui circulent sur les réseaux sociaux laissent à penser que le climat était plutôt à celui de la guérilla urbaine qu’à la fête, tant à Paris qu’à Marseille, Avignon, Montpellier, dans la banlieue de Lyon où encore à Roubaix, malgré l’appel de l’une des mosquées de la commune à un «minimum de civisme et de pudeur» et à ne pas s’en prendre à aux forces de l’ordre, «là pour assurer votre sécurité et non pas pour se faire insulter ou recevoir des projectiles» en cas de victoire de l’Algérie.
«Sous prétexte qu’on est France, on se croit autorisé de faire tout ce que l’on veut, de casser… Des Français qui supportent la victoire d’un pays étranger dans lequel on ne les aurait certainement pas autorisés à se comporter comme ils se sont comportés hier soir à Marseille, à Lyon, à Valencienne ou même à Paris.», réagissait lundi matin Denis Jacob, secrétaire général d’alternative police CFDT, sur CNews.
Pourtant, le matin, ce n’est pas le «contact» qui semble avoir manqué aux policiers chargés de sécuriser les Champs-Élysées. En effet, les Gilets jaunes présents dans le périmètre, ultra sécurisé, du défilé furent rapidement interpellés, après, ou même avant, qu’ils aient conspué le Président de la République.
Comme le soulignent nos confrères, le matin même, les principales figures du mouvement présentent à proximité des Champs-Élysées (Jérôme Rodrigues, Maxime Nicolle et Éric Drouet) furent «écartées» [placées en garde à vue, ndlr.] à «titre préventif».
Des interpellations durant le défilé (dans le cas d’Éric Drouet), particulièrement étonnantes quand on sait que le fameux périmètre de sécurité fut intégralement vidé tôt dans la matinée afin d’éviter toute présence de Gilets jaunes. Un dispositif draconien qui n’évitera pas à Emmanuel Macron de se faire copieusement huer lors de son passage en «command car».
Peu après la fin des festivités militaires, en début d’après-midi, des heurts ont éclaté sur l’avenue entre Gilets jaunes, black blocks et forces de l’ordre. Durant ces heurts, une passante a été grièvement blessée à œil gauche après un tir de LBD. Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, au moins vingt-trois personnes ont été éborgnées. Quelles qu’en soient les origines, les rues et des vitrines du VIIIe arrondissement de la capitale ont une fois de plus été saccagées à l’occasion de cette journée qui marquait le centenaire du défilé de la victoire.