«La ministre des Armées Florence Parly est aujourd’hui en République centrafricaine où elle assiste à la prise de commandement par la France de la mission EUTM-RCA (déploiement de militaires de l’UE) afin de participer à la formation des Forces armées centrafricaines (FACA)», pouvait-on lire lundi 8 juillet sur le compte Twitter du ministère français des Armées.
La ministre des Armées @florence_parly est aujourd'hui en République centrafricaine où elle assiste à la prise de commandement par la France de la mission EUTM-RCA ➡️ déploiement de militaires de l'#UE afin de participer à la formation des forces armées centrafricaines (FACA).
— Ministère des Armées (@Defense_gouv) 8 juillet 2019
Florence Parly, la ministre française des Armées, a fait le déplacement à Bangui en République centrafricaine (RCA) pour prendre la relève du Portugal à la tête de l’EUTM-RCA (European Union Training Mission), l’organisme européen de formation des Forces armées centrafricaines (FACA) et de conseil en matière de défense et de sécurité aux autorités.
A Bangui, en République centrafricaine, avec mon homologue portugais @JoaoCravinho, pour la passation de commandement de @EUTMRCA, la mission de formation de l’Union Européenne sur place. 1/5 pic.twitter.com/XFgqqbPQCd
— Florence Parly (@florence_parly) 8 juillet 2019
Une passation de commandement stratégique et une visite qui interviennent dans un contexte particulier. Interrogé par Sputnik, Joseph Lea Ngoula, analyste des questions sécuritaires pour le cabinet Orin Consulting, estime que cette visite revêt d’autres enjeux au moment où la Russie est de plus en plus influente dans le pays.
«L’un des enjeux de cette visite est de rappeler au gouvernement centrafricain que la France reste un partenaire sûr et qu’il peut toujours compter sur elle, malgré son rapprochement avec la Russie. La France veut signifier au gouvernement centrafricain l’ancienneté et la solidité des liens qui les unissent, en vantant les efforts diplomatiques au Conseil de sécurité et la coopération sécuritaire qui ne s’est pas interrompue avec le retrait du dispositif Sangaris. La France ne souhaite pas perdre le jeu de go centrafricain engagé contre la Russie depuis 2017», commente-t-il au micro de Sputnik.
Florence Parly a également rencontré le chef de l’État centrafricain, Faustin Archange Touadéra, ainsi que la ministre centrafricaine de la Défense Marie-Noëlle Koyara. Au menu des discussions: «les démarches entreprises par la France auprès de l’ONU pour assouplir l’embargo sur les armes et faciliter l’équipement des Forces armées centrafricaines chargées de restaurer l’autorité de l’État centrafricain», a annoncé le ministère des Armées.
Merci au Président Touadéra et à la ministre de la Défense Marie-Noëlle Koyara pour leur accueil. L’amitié qui unit la France et la RCA est ancienne et garante de notre succès : nous sommes et nous restons à leurs côtés pour bâtir en Centrafrique une paix durable. 5/5 pic.twitter.com/ZgmXfej4kq
— Florence Parly (@florence_parly) 8 juillet 2019
Alors que la RCA est soumise depuis cinq ans à un embargo du Conseil de sécurité des Nations unies sur les armes et les munitions, Joseph Lea Ngoula estime qu’une armée centrafricaine reformée et plus outillée serait plus utile dans le renforcement du processus de paix en RCA.
En proie à des violences persistantes malgré un accord de paix signé en février, la RCA est aussi devenue le terrain de lutte d’influence entre grandes puissances. Si la coopération militaire entre la France et la RCA s’est nettement refroidie à cause «de la montée du sentiment antifrançais au sein de l’opinion et du renforcement de la présence russe», Joseph Lea Ngoula estime que:
«La France devrait éviter d’investir sur les terrains déjà occupés par les Russes si elle veut disposer d’un avantage comparatif dans cette compétition. Le terrain de la formation des FACA par exemple, est déjà un domaine dans lequel la Russie s’est impliquée activement. Cependant, la France peut investir le terrain de la justice pour reconstruire l’appareil judiciaire centrafricain en total déliquescence, faciliter le redéploiement des tribunaux dans l’ensemble des préfectures et s’activer pour que la justice internationale intervienne pour atténuer le sentiment d’impunité qui s’est installé depuis les accords de Khartoum», suggère l’analyste des conflits au micro de Sputnik.
Depuis 2013, la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés et de milices qui commettent d’innombrables violences et exactions. Alors que la violence n’a pas cessé dans le pays, un accord de paix a été trouvé en février à Khartoum entre le gouvernement centrafricain et les 14 groupes armés représentés. Cet accord de paix, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l’Union africaine, est le huitième du genre signé depuis le début de la crise en 2013. Aucun des précédents accords n’a abouti à un retour à la stabilité, pas plus que la présence de la MINUSCA, déployée en 2014 et forte de 11.000 Casques bleus.