Le Président turc s’est engagé dans un grand jeu géopolitique avec la Chine pour plusieurs raisons, ont déclaré à Sputnik Li Bingzhong, directeur du Centre d’étude de la Turquie auprès de l’Université pédagogique de la Shaanxi Normal University et Stanislav Tarassov, historien russe et expert du Proche-Orient.
Un jeu géopolitique des grandes puissances
«M.Erdogan s’engage dans un jeu actif avec la Chine […]. Formant une alliance avec la Chine, M.Erdogan se lie aussi d’amitié avec la Russie, il se montre ainsi comme un représentant d’une grande puissance à côté de Pékin et de Moscou. Il souligne aussi que la politique des Américains à l’égard de la Turquie n’est pas celle à laquelle Ankara s’attend. Et son grand jeu avec la Chine est aussi une tentative de gagner le soutien des sympathisants de l’islam en Asie du Sud-Est», a indiqué M.Tarassov.
Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a notamment fait une déclaration en ce sens le 2 juillet, lors d’entretiens avec le Président Xi Jinping à Pékin. Il a noté que «toutes les ethnies du Xinjiang chinois vivaient heureuses dans le contexte du développement de la Chine» quatre mois après que le ministre turc des Affaires étrangères a jugé comme une «honte pour l’humanité» le traitement des musulmans dans ce territoire du nord-ouest de la Chine.
Raisons économiques
Selon M.Tarassov, le Président turc cherche aussi à se rapprocher de Pékin pour des raisons économiques.
«Il se prépare à obtenir un crédit en Chine, alors qu’il était jusqu’ici opposé à cette idée. La situation économique actuelle en Turquie ne serait pas bonne. En plus, les États-Unis appliquent des sanctions contre la Turquie», a relevé M.Tarassov.
Raisons politiques
Selon Li Bingzhong, le revirement de la Turquie est un succès de la diplomatie chinoise qui s’explique aussi par le désir de M.Erdogan de régler des problèmes de politique intérieure.
«La Turquie a effectivement changé de position, après que le ministère chinois des Affaires étrangères et l’ambassade de Chine en Turquie ont réalisé un grand travail […]. D’autre part, la politique intérieure et la diplomatie du gouvernement d’Erdogan traversent une période très difficile. La visite du Président turc en Chine est un moyen de trouver des solutions aux problèmes politiques intérieurs et extérieurs», a-t-il estimé.
Et d’ajouter: «Au nom de ses intérêts, la Turquie prête attention aux questions qui préoccupent le gouvernement chinois».
Selon certains observateurs, l’attitude négative précédente d’Ankara aurait pu être le résultat de pressions des États-Unis. Mais lors des pourparlers avec M.Xi, le Président turc a assuré que son pays ne permettrait à personne de nuire aux relations turco-chinoises.