Entre nouvelles sanctions et nouvel accord nucléaire, quel sera le choix de l’Iran?

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Donald Trump revient souvent ces derniers temps sur le programme nucléaire de l’Iran, tantôt menaçant ce dernier de nouvelles sanctions, tantôt estimant nécessaire de signer un nouvel accord. Un éventuel choix de Téhéran a été évoqué par des experts iraniens dans une interview à Sputnik.

Dans une interview à la chaîne NBC, Donald Trump a récemment évoqué le Plan d'action global commun (JCPOA), affirmant qu'il accepterait tout type d'accord avec l'Iran, tant qu'il empêcherait Téhéran de posséder l’arme nucléaire. Pour lui, il n’y a aucun problème à ce que l'accord soit bilatéral ou multilatéral.

Et l’Iran, quel accord préférerait-il? Uniquement avec Washington ou à 5+1? Sputnik a demandé des précisions à des experts iraniens.

«Si l’Amérique manifestait sa bonne volonté et sa détermination à négocier et à améliorer ses relations avec l’Iran, la première démarche à faire pour montrer ses bonnes intentions serait de retourner au sein de l’accord» sur le nucléaire iranien, a déclaré Ali-Reza Rahimi, membre de la commission de sécurité nationale et de politique internationale au parlement iranien.

Pourtant, a-t-il fait remarquer, les propos du Président américain sont très contradictoires.

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«Dans les déclarations de Trump, on peut constater des intentions qui se contredisent et qui n’ont aucune cohérence du point de vue thème ou comportement […], ce qui discréditera le pays dans le domaine de la politique étrangère», a-t-il affirmé.

Selon Hassan Hanizadeh, analyste et expert du Moyen-Orient et des pays arabes et ancien rédacteur en chef de l’agence de presse iranienne MehrNews, l’Iran n’acceptera jamais d’accord avec les États-Unis parce qu’il ne leur fait plus confiance.

«D’après 14 rapports publiés par le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique [AIEA, ndlr], l’Iran s’est acquitté de tous ses engagements dans le cadre de l’accord. Mais un retrait surprise des États-Unis de ce dernier prouve que le pays et Donald Trump ont l’intention de désarmer l’Iran en général. Il ne s’agit pas d’un problème nucléaire, mais d’une question de défense antimissile de l’Iran. Or, la sécurité et l’activité balistique de l’Iran relèvent des affaires intérieures de notre pays», a-t-il souligné.

Hassan Hanizadeh estime que si le Président américain revient dans l’accord à 5+1, annule les sanctions et autorise les exportations du pétrole iranien, Téhéran sera prêt à négocier. Mais pour le moment, on en est loin, a-t-il dit.

«Il est évident que Donald Trump veut jouer l’atout des négociations avec l’Iran aux élections de 2020, mais il sait très bien qu’il n’y arrivera pas. À l’heure actuelle, malgré toutes les menaces et les pressions économiques, l’Iran n’acceptera pas de négociations avec les États-Unis», a affirmé Hassan Hanizadeh.

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Évoquant l’éventualité de négociations entre les deux pays et le potentiel de dissuasion iranien dans le cadre d’un «nouvel accord nucléaire», il a noté que son pays était capable de faire face à une agression sans avoir recours à l’arme nucléaire, mais que la signature d’un accord avec Washington était impossible, Téhéran ne lui faisant plus confiance.

«Au cours des 60 dernières années, l’Iran a signé un grand nombre de documents avec les États-Unis qui s’en sont pourtant retirés unilatéralement […] Les deux pays, l’Iran et les États-Unis, sont séparés par un grand mur de méfiance.»

Quant à l’intention de l’Iran d’avoir des négociations avec les États-Unis sur l’arme nucléaire, Mojtaba Jelalzadeh, expert en politique internationale du Centre de recherches scientifiques de l’université de Téhéran, estime qu’avant d’aborder le sujet, il faut répondre à plusieurs questions:

«Pourquoi avoir de nouvelles négociations? Pour éviter de nouvelles sanctions, améliorer la situation [économique, ndlr] et éviter une guerre? Mais les sanctions sont arrivées à leur limite, leur potentiel est épuisé et de nouvelles restrictions ne pèseront pas vraiment sur l’Iran. Autre facteur important: l’économie iranienne étant fermée et peu reliée au monde extérieur, elle évite les turbulences [économiques, ndlr].»

Il importe aussi de savoir si l’Iran veut négocier pour prévenir la guerre, a-t-il poursuivi.

«Mais le fait est que Trump ne veut pas de guerre avec l’Iran […] Pourquoi avoir des négociations? Que devons-nous examiner? […] Les Européens n’ont pas de questions, ils sont certains que l’accord nucléaire est un instrument efficace, tandis que l’Iran a toujours mis en relief le caractère pacifique de son programme nucléaire.»

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En réalité, l’Occident redoute non pas le programme nucléaire de l’Iran, mais ses armes balistiques et son potentiel défensif, questions «que nous ne discuterons pas», a souligné Mojtaba Jelalzadeh.

Ce dernier a appelé à considérer le moment actuel à la lumière d’éventuels pourparlers entre les deux pays.

«De telles négociations nuiraient aux démocrates, devenant un atout pour Trump à la présidentielle de 2020 […] La ”politique de la canonnière” américaine intensifie la confrontation entre les États-Unis et l’Iran et pour ce dernier il serait préférable que Trump ne soit pas réélu», a-t-il noté.

En conclusion, Mojtaba Jelalzadeh a indiqué que dans les conditions actuelles, «la tenue de négociations entre les États-Unis et l’Iran était très peu probable».

Évoquant les raisons du retrait de Washington de l’accord, Donald Trump a récemment noté que, selon le document, l'Iran avait limité l’enrichissement de son uranium à 3,67% pendant 15 ans. Une fois l’accord expiré, Téhéran aurait eu un «laissez-passer gratuit» pour l’acquisition d’armes nucléaires, a-t-il dit. Dans la même interview, il a parlé également de la récente aggravation des tensions avec Téhéran en raison de l’attaque présumée contre des pétroliers dans le golfe d’Oman, ainsi que de la destruction d’un drone américain par l’Iran.

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