Se faire une place dans le football professionnel est difficile, notamment quand les yeux des spectateurs sont rivés principalement sur les matchs masculins. Nadezhda Smirnova et Margarita Chernomyrdina, deux perles du football féminin russe, parlent dans une interview à Sputnik de l’état de ce sport en Russie, du Mondial 2019 et de l’équilibre entre leur vie de femme et leur vie d’athlète professionnelle.
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Elles ont 23 ans, elles sont milieux de terrain, elles jouent pour le club moscovite CSKA et font partie de l’équipe nationale. Les deux jeunes filles ont autant de points communs que de différences. Nadezhda a débuté dans la Sbornaya en mars 2016 et participé à l’Euro 2017, où elle a marqué un double contre les Bosniennes. Margarita, de son côté, a fait son apparition dans l'équipe nationale en 2014 et a fait ses débuts lors du match de qualification de la Coupe du monde 2015 contre la Slovaquie.
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L’équipe de Russie ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du monde de football féminin 2019, terminant troisième de son groupe lors des phases de poules. Les joueuses disent suivre de près l’événement, qui se déroule actuellement en France, mais si Margarita soutient les Bleues, Nadezhda avoue ne pas être fan d’une équipe concrète. «Je regarde juste tous les matchs, c’est très intéressant de voir le niveau et l’engagement fou de ces filles», déclare-t-elle.
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Dans le même temps, les joueuses admettent que le football féminin en Europe est plus développé en tant que sport qu’en Russie. «Bien sûr, la popularité augmente chaque année, surtout depuis la Coupe du Monde masculine, mais par rapport à l'Europe, nous sommes très en retard à cet égard», souligne Margarita.
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Sa collègue partage son avis, bien que pour elle, le Mondial 2018, n’a pas eu d’effet significatif pour le développement du football féminin.
«Si en Europe les équipes masculines et féminines sont liées d’une manière ou d’une autre et les clubs masculins créent des clubs féminins, de notre côté nous n’en avons pas, nous sommes toutes seules. Par conséquent, le championnat masculin n'a eu aucun effet sur le développement du football féminin», explique Nadezhda, prônant la voie européenne pour booster l’intérêt pour le football féminin.
À quelles difficultés sont confrontées ces footballeuses dans ce sport dominé par les compétitions masculines? Pour Margarita, les épreuves… n’existent pas!
«Comme les hommes, nous avons besoin de soutien, de confiance et d'amour pour les fans. Nous sommes prêtes et voulons le recevoir», indique la passionnée du foot, soucieuse de voir plus de spectateurs dans les tribunes. «Nous voulons faire comprendre au public que le football féminin est un sport spectaculaire. Nous jouons avec tout notre cœur et consacrons toute notre énergie à chaque match.»
Les propos de Margarita résonnent dans la réponse de Nadezhda qui admet, avec un peu d’amertume, que les matchs du football féminin attirent moins de spectateurs. «Parfois les billets sont gratuits, mais nous jouons pour les fans et essayons de rassembler du monde dans les tribunes pour intéresser les supporters au jeu. Pour ce faire, nous nous rendons sur le terrain et il me semble qu'avec notre jeu, nous défendons notre place dans le sport devant les hommes.»
Bien que ces femmes se transforment en véritables guerrières sur le terrain, leur quotidien est rempli de gentillesse et de féminité. Il n’est pas facile de combiner sport professionnel et vie personnelle, note Margarita, expliquant son manque de temps par son approche attentive de la santé et par ses repos après des entraînements difficiles.
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Comparée à la vie quotidienne, Nadezhda, selon ses dires, se transforme en une personne complètement différente sur le terrain: «Sur le terrain, je ressens des émotions indescriptibles et un véritable champ de bataille se dessine lors des qualifications ou lors d’un championnat. Je veux gagner chaque match, car par principe je ne peux pas perdre, sinon je commence à rager. Dans ma vie, j’ai une image plus douce. Si les gens me voient sur le terrain et dans la vie, ils constateront que ce sont deux personnes absolument différentes».