Le 20 juin, les Gardiens de la révolution islamique ont annoncé avoir abattu un drone espion américain qui «était entré dans l'espace aérien iranien». Washington affirme que cela se passait dans l’espace international. Irrité, Donald Trump était, selon lui, à 10 minutes de frapper des cibles iraniennes, mais est revenu sur sa décision, ayant suspendu l’opération peu avant que les avions ne décollent.
«Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé. […] D'après ce que j'ai compris de l'article dans le New York Times, l'opération était bel et bien amorcée. […] C’est plutôt gênant d’être à un stade aussi avancé d’une opération militaire et de l’arrêter subitement. Quoi qu'il en soit, les conséquences d’un tel acte de guerre contre l'Iran seraient très lourdes tant pour le Proche-Orient que pour les États-Unis eux-mêmes», a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Claude El Khal, journaliste indépendant établi au Liban.
Et de supposer qu’il s’agissait peut-être d’une sorte de mise en garde pour l’Iran.
«Quoi qu’il en soit, l’Iran d’aujourd’hui n’est pas du tout l’Irak du temps de Saddam Hussein. C’est complètement différent. Les États-Unis ne peuvent tout simplement plus y aller et bombarder, faire ce qu'ils veulent, car toute la région, l’ensemble du Moyen-Orient, s'enflammerait si cela se produisait», a prévenu le spécialiste.
Selon ce dernier, il s’agit bien là du «danger d'une grande guerre régionale» et des perspectives de réélection de Donald Trump.
«À l’heure actuelle, l'Iran est un acteur clé dans la région. C'est une puissance régionale. Toutes les bases militaires américaines déployées dans le Golfe sont à la portée des missiles iraniens, ce serait donc une guerre très coûteuse pour les États-Unis. Si cette guerre éclatait, je pense que cela pourrait coûter à Trump sa réélection», a poursuivi Claude El Khal.
Et de rappeler que l’actuel Président états-unien avait promis à ses électeurs «de ne pas s'engager dans une nouvelle guerre et de se retirer de tous les conflits militaires en suspens».
«Il a promis de se retirer d'Irak, d'Afghanistan, de Syrie, disant que toutes ces guerres coûtent une fortune et promettant de se concentrer sur l'économie américaine. Il a été élu justement sur cette base. Et l’économie américaine se porte bien, elle n’a pas été en aussi bonne condition depuis très longtemps», a expliqué le journaliste.
Et de détailler que si Donald Trump faisait la même chose que ses prédécesseurs, s’il partait en guerre, dépensait des milliards de dollars et affaiblissait fondamentalement la position des États-Unis au Proche-Orient, «cela pourrait irriter les gens qui ont voté pour lui».
«S’il revient à la "bonne vieille politique américaine" consistant à bombarder quiconque ou tout pays qui s’oppose aux décisions des États-Unis, […] il perdra l'élection. Donc, Trump n'a pas besoin d'une nouvelle guerre au Proche-Orient», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.
Donald Trump a officiellement donné le 18 juin à Orlando, en Floride, le coup d'envoi de sa campagne pour l'élection présidentielle de 2020.