Les plus jeunes passagers du bateau-école russe Sedov sont les cinq moscovites qui ont embarqué à Kaliningrad pour un mois de mer. Ces adolescents passent tout leur temps libre sur les rivières et les plans d’eau autour de Moscou, puisqu’ils ont décidé de suivre les cours de jeunes marins au sein du Centre municipal de la mer pour enfants Pierre le Grand.
Le nom de cette école ne doit rien au hasard, puisque Pierre Ier, passionné par le succès des Hollandais en mer a jeté les bases de la marine russe moderne. Anciennement le Club des jeunes de la marine fluviale et polaire fondé en 1957, l’école a une riche histoire qui remonte aux grands explorateurs du Nord russe et de l’Arctique Ivan Papanine le directeur de la station scientifique sur la banquise dérivante «Le Pôle Nord» et Valery Tchkalov, l’aviateur polaire qui a effectué le premier survol sans escale de l’océan arctique.
Cette activité nautique pour les adolescents n’est pas incongrue, après tout, les jeunes Français peuvent adhérer à un club de moussaillons dès le plus jeune âge. Une différence de taille quand même pour ces jeunes Russes de 8 à 17 ans: l’enseignement est entièrement gratuit.
«Nous avons sélectionné dix enfants parmi les plus motivés, qui réussissent le mieux dans leurs activités pour embarquer sur les deux voiliers mythiques, le Kruzenschtern et le Sedov, raconte a Sputnik Konstantin Khymytch, chef du groupe. Ce sont déjà les marins aguerris, puisqu’avant de pouvoir partir en mer, ils ont dû obtenir les certifications prévues par la convention des sauveteurs en mer.»
Le voyage à bord du Sedov est une récompense pour les jeunes mousses qui ont appris lors de leurs études parascolaires à piloter un bateau à moteur et à voiles. Ils savent sauver les vies en mer et les plus jeunes s’initient à la mer par des cours de modélisme. L’école accueille les jeunes filles et garçons à partir de 8 ans.
«Si jamais quelqu’un veut venir plus tôt, on l’accepte en tant que “visiteur”. Je suis ravi quand un enfant veut nous rejoindre, parce que l’enthousiasme est salutaire, dit Konstantin Khymytch. Pour moi, c’est une possibilité de “priver le jeune de son gadget portable” et de lui ouvrir la voie vers un nouveau métier.»
Le Centre vit actuellement une période difficile, puisqu’après une réorganisation, les huit formateurs peinent à être sur tous les fronts pour assurer les activités pour quelque 500 à 700 enfants. Certains pédagogues ont étés remerciés, notamment un capitaine avec une grande expérience de la marine polaire ou encore l’amiral à la retraite Alexandre Penkin, une personnalité très connue dans la flotte de la mer Noire.
«C’est dommage, dit Konstantin Khymytch, puisque pour les parents, un nom connu ou la présence d’une personnalité respectable est un gage d’un bon niveau d’enseignement.»
La période estivale se présente comme la plus difficile, parce que les sorties de groupe mobilisent toutes les forces en personnel. Mais justement, les sorties et de grandes expéditions comme celle à bord du Sedov sont inestimables dans le parcours de chacun.
«Le stage à bord d’un grand voilier peut déterminer si leur choix est bon, explique Konstantin Khymytch. Ça peut bousculer leur décision et faire basculer toute une vie.»