En Afrique, continent jeune et dynamique, le secteur privé, constitué à 90% de micro, petites et moyennes entreprises (MPME), est en plein essor. La Banque Africaine de Développement (BAD) estime à plus de 60 millions les MPME présentes sur le continent.
Ces MPME, qui génèrent des millions d’emplois, contribuent jusqu’à 30% du PIB des États africains, ce qui constitue un apport non négligeable pour l’économie. Toutefois, pour plus de 70% d’entre elles, l’accès au financement s’avère difficile. Les difficultés d’accès au financement sont généralement perçues comme le principal obstacle au développement de ces entreprises, voire la principale cause de leur disparition.
«À mon avis, la difficulté d’accès au financement des entreprises africaines est un faux problème. Il y a une trop grande tendance des PME africaines à attendre de l’aide. Le financement pour les entreprises en Afrique existe, à condition que le potentiel de l’entreprise soit établi», déclare au micro de Sputnik le consultant, diplômé, entre autres, des universités du Maryland et de Paris II Panthéon-Assas.
Philippe Kouamé, par ailleurs directeur général d’Okema, une entreprise d’import-export, estime que si des PME en Afrique ont du mal à trouver des fonds pour leurs activités, ce n’est pas parce que les sources de financement font défaut, mais plutôt, dans un premier temps, en raison de l’absence de base solide.
«Une entreprise doit être avant tout créée pour répondre à des besoins existants. L’entreprise crée un produit ou propose un service pour faire face à ces besoins. La question du financement est secondaire. Il est exact que l’accès au financement est plus aisé pour les entreprises en Europe ou aux États-Unis, mais même là-bas, l’idée première demeure d’identifier un besoin et créer un produit ou un service pour le satisfaire. La base, c’est cela», rappelle-t-il.
Selon le consultant, dès lors que la base est solide, il revient à l’entreprise de démontrer son potentiel.
«Pour faire l’ajustement entre le service ou le produit créé et la solution au besoin, c’est en général difficile. Cette période est difficile pour toute entreprise. Pendant cette période, l’entreprise a besoin d’argent, mais elle doit compter sur ses ressources propres pour survivre. Si l’entreprise survit à cette période, ce qui sous-entend qu’elle s’est progressivement constitué une clientèle qui reconnaît l’efficacité du produit, elle va générer du chiffre d’affaires.
À partir de ce moment, elle peut démontrer à un financier, individu ou organisation, ses compétences et aptitudes, et a automatiquement de grandes chances de bénéficier d’un accompagnement. C’est le potentiel de l’entreprise qui attire naturellement des banques, des financements. Pour toute entreprise, c’est la qualité du service ou du produit qui fait la différence, pas le financement. Une entreprise qui a accès à un financement, mais n’a pas un service ou un produit de qualité, n’a rien», explique Philippe Kouamé.
Lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2019 d’Africallia, les ministres du Commerce ivoirien, Souleymane Diarrassouba, et burkinabè, Harouna Kaboré, se sont chacun largement exprimés en faveur de la création d’un espace économique intégré en Afrique de l’Ouest, chose qui, assurent-ils, va profiter aux PME qui font face aux défis de la mondialisation.
Souleymane Diarrassouba est d’avis que les entreprises ouest-africaines, pour être en mesure de répondre efficacement aux besoins divers de partenariat exprimés par les entreprises étrangères désireuses d’investir dans la région et y mener des activités économiques et commerciales, ont besoin d’être accompagnées.
«Au plan régional et sous-régional, le contexte est entre autres marqué par les avancées vers la création de la monnaie unique de la CEDEAO, ainsi que la mise en place de plusieurs instruments au niveau bilatéral et communautaire entre les États pour accélérer l’intégration économique du continent africain. Les priorités pour l’opérationnalisation de ce marché unique d’environ 1,2 milliard d’habitants portent notamment sur le droit d’établissement, la libre circulation des biens et des personnes, la création d’infrastructures communautaires, l’amélioration de l’environnement des affaires pour attirer de façon massive les investissements privés.
Les importants défis qui sous-tendent ces vastes chantiers ne pourront être relevés qu’avec certes une volonté politique affirmée, mais surtout une forte implication du secteur privé africain, que nous avons le devoir de soutenir et d’accompagner. Un mécanisme important d’interaction entre monnaie et intégration représente l’amélioration de l’accès au financement pour les PME, mais aussi leur accès aux technologies de l’information et de la communication», a déclaré le ministre ivoirien du Commerce.
Emboîtant le pas à Souleymane Diarrassouba, Philippe Kouamé est aussi convaincu qu’«une monnaie commune au sein de la CEDEAO va faciliter bien des choses pour les PME».
D’une superficie de 5,1 millions de km2, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), composée de 15 États pour plus de 320 millions d’habitants, a un tarif extérieur commun et un PIB courant de plus de 700 milliards de dollars. La CEDEAO, deuxième région la plus dynamique du continent après l’Afrique de l’Est, et dont la population est la plus jeune au monde, œuvre actuellement à la création d’une monnaie commune, dont le lancement est prévu à partir de 2020.