L'aboiement d’un chien, le meuglement des vaches et d’autres bruits de la campagne doivent être proclamés patrimoine national pour protéger les agriculteurs, a déclaré dans une lettre ouverte Bruno Dionis de Séjour, maire depuis 12 ans de Gajac, une commune de 400 habitants située à 70 km au sud-est de Bordeaux, en Gironde.
«Nous demandons que le chant du coq, l’aboiement familier du chien, la cloche de l’église, le meuglement des vaches, le braiement de l’âne et le pépiement des oiseaux soient proclamés patrimoine national. Et qu’aucun procès ne puisse, à compter de ce jour, leur être intenté!», a plaidé Bruno Dionis de Séjour.
«Il serait bon que le bon sens soit rappelé à chacun d’entre nous et que le rythme de la campagne et des choses aussi riches que simples qui la composent soient protégés par notre constitution […]. Le retour à la terre est une chance que peu de personnes peuvent s’octroyer. La campagne est un tout, qu’il faut savoir accepter dans son ensemble», a-t-il ajouté.
Plusieurs élus locaux, comme le maire LR de Sauveterre-de-Guyenne (Gironde) Yves d'Amécourt, ont appuyé la proposition du maire de Gajac.
Total soutien à Bruno Dionis du Séjour, Maire de Gajac(33), qui demande que le chant du coq, le meuglement des vaches, les cloches qui sonnent et d’autres bruits de campagne soient inscrits au patrimoine national : « Les petites communes se retrouvent face à des emmerdeurs ! »
— Yves d'Amécourt (@yvesdamecourt) 9 mai 2019
«J’ai reçu l’appui de l’ensemble des 31 maires de la communauté de communes du Bazadais, ainsi que la visite de la sénatrice de la Gironde installée à Langon, Florence Lassarade (LR)», précise Bruno Dionis du Séjour, cité par Le Figaro.
En août 2018, les médias ont annoncé que des vacanciers avaient adressé des plaintes au maire du Beausset, dans le Var, l’invitant à «se débarrasser du chant des cigales» qui fait partie de l'identité de la Provence, parce qu’ils «ne s'entendaient plus parler». La même année, l’heure trop matinale à laquelle sonnaient les cloches d’une église a engendré la colère de touristes parisiens, en vacances pour 15 jours dans la commune des Bondons en Lozère, au nord-est de Millau. En Dordogne, des habitants de Grignols ont été sommés par la justice en décembre de combler leur mare, en dépit des huit espèces protégées qui s’y trouvent, en raison du coassement des grenouilles jugé trop bruyant par leurs voisins.
«La nuit, si vous levez les yeux au ciel, vous redécouvrirez l’immensité du monde que la pollution électrique urbaine et la lumière de vos smartphones vous font oublier […]. Arrêtons de nous épuiser avec ses mesquines gesticulations procédurières qui semblent se multiplier un peu partout en France», a conclu le maire de Gajac dans sa lettre ouverte.