Aujourd'hui, le Guyana est le deuxième pays le plus pauvre de la région. Mais selon certaines estimations, il pourrait devenir dans ces prochaines décennies l'un des plus gros producteurs de pétrole par habitant au monde. Cependant, l'existence de ressources n'est pas toujours synonyme de prospérité économique.
«Ce petit pays des Caraïbes pourrait n'être qu'une nouvelle pièce du puzzle assemblé dans la région par les États-Unis», a déclaré à Sputnik Tamara Lajtman, experte du Centre latino-américain stratégique de géopolitique (CELAG).
L'histoire des relations des États-Unis avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes semble indiquer que ce sont les multinationales américaines qui tireront les principaux avantages de cette découverte, a-t-elle noté.
Guyana vs Venezuela
Tamara Lajtman a cité notamment des experts américains qui estiment que le Guyana pourrait devenir «une arme secrète» contre le pétrole vénézuélien. Ainsi, Washington pourrait remplacer le brut vénézuélien par celui d'un fournisseur beaucoup plus fiable, selon eux.
La rencontre a donné lieu à un document qui recommande aux politiciens américains d'établir une relation plus étroite avec le Guyana afin de garantir sa sécurité à long terme et qui affirme que, sur fond de la crise au Venezuela, un Guyana prospère en développement pourrait devenir un axe de stabilité dans les Caraïbes.
Selon la société américaine du renseignement Stratfor, certaines grandes sociétés pétrolières américaines ont d'ores et déjà commencé des travaux d'extraction au Guyana. Cependant, même si les revenus du gouvernement guyanais augmenteront, la majeure partie du pays ne ressentira pas les avantages économiques du pétrole, étant donné que les emplois dans le secteur sont principalement destinés aux étrangers, a souligné Tamara Lajtman.
Présence militaire
Début mai, le SOUTHCOM a entamé des exercices, New Horizons, au Guyana. Selon l'ASP, ces manœuvres sont effectuées au moment où «le Guyana se trouve au centre de la géopolitique régionale».
Aspect économique
Pendant des décennies, le Guyana était considéré comme une plaque tournante du trafic de cocaïne qui transitait depuis la Colombie à destination des États-Unis. Dans ce contexte, le gouvernement a mis en œuvre différents programmes d'assistance à la lutte antidrogue et a approuvé des lois contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, ainsi qu'en matière d'extradition. Avec l'augmentation des revenus pétroliers, il serait possible de faire davantage dans ce domaine, a noté l'experte.
Tamara Lajtman a également souligné que la société pétrogazière chinoise CNOOC détenait 25% du bloc d'actions Starbroek d'ExxonMobil.
Le Président vénézuélien Nicolas Maduro avait déclaré fin décembre dernier qu'il existait un plan visant à affaiblir le Venezuela, notamment avec des navires de la société pétrolière ExxonMobil qui seraient entrés dans les eaux territoriales de cet État sud-américain. Après l'incident, Georgetown a annoncé qu'il ne s'agissait que d'un seul navire qui n'aurait pas violé les frontières et était resté en zone guyanienne.