Je suis aviophobe, que faire? Conseils de psychologues pour soulager l'anxiété

© AP Photo / Chuck BurtonA plane passes by as the moon sets over trees during a phenomena that combined a supermoon, a blue moon and a lunar eclipse in Charlotte, N.C., Wednesday, Jan. 31, 2018
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La peur de monter dans l'avion peut s'expliquer par le caractère anxieux, maniaque et perfectionniste du passager, s'accordent à dire un psychiatre et un psychologue clinicien dans un entretien accordé à Sputnik. Analyse approfondie de l'aviophobie, de son apparition et à son soulagement, en passant par son traitement.

Les récents crashs des Boeing 737 Max et l'atterrissage d'urgence tragique du Sukhoi Superjet 100 relancent les débats sur la peur en avion, même chez les personnes non exposées à l'aviophobie. L'angoisse doit néanmoins être dissociée de l'aviophobie au sens propre, soulignent les psychologues dans le milieu. Mais cette peur n'est pas rare. Elle pousse même certaines agences de voyages, telle que TUI, à réfléchir à une formation spéciale pour vaincre cette anxiété chez les passagers.

Apaiser l'inquiétude

Une personne sur cinq a peur de prendre l'avion, selon certaines statistiques. Ce calcul est pourtant difficilement faisable étant donné que la majorité des personnes n'aime pas partager leurs sentiments.

«La meilleure solution est de consulter un psychologue ou psychothérapeute qui aidera la personne à se débarrasser de ses peurs, y compris avec des médicaments», affirme à Sputnik le psychiatre Vladimir Fainzilberg. Dans le même temps, «on peut essayer de vaincre sa peur en se distrayant des pensées inquiétantes en se plongeant dans un livre intéressant ou en regardant un film, en écoutant la musique ou des livres audio».

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Très médiatisés, les accidents aériens ont toujours un effet retentissant alors que l'avion reste, d'après les statistiques du Réseau de la sécurité en avion (Aviation Safety Network), l'un des moyens de transport les plus sûrs. Le trafic aérien mondial se chiffre à 37.800.000 vols par an et le taux d'accident mortel est de un pour 2.520.000 vols.

Par comparaison, le risque de mourir dans un accident de la route est de un sur 645. Dans un avion, de un sur 9.821, indique le Conseil national de sécurité (National safety council).

Selon Mikhail Khors, psychologue clinicien russe, écrivain et présentateur d'une émission sur la psychologie, la première chose à faire pour soulager l'anxiété est de se dissocier de la panique qui s'empare de vous.

«Il est important de percevoir l'aviophobie comme une maladie, comme on perçoit la grippe. Si l'on a la grippe, il est logique de la traiter. Les aviophobes tentent d'habitude de se débrouiller tout seuls et par tous les moyens, entre autres grâce à la volonté et à l'autocondamnation», poursuit-il.

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Il existe deux méthodes principales de traitement: les médicaments, qui remédient soit aux symptômes, soit à un problème mental précis, et la thérapie, qui est nécessaire pour survivre avec succès à une nouvelle situation susceptible de raviver son angoisse.

Les symptômes à ne pas négliger, explique de son côté M.Fainzilberg, sont un rythme cardiaque et une respiration accélérés, la transpiration, l'assèchement des muqueuses, la panique jusqu'à l'agitation et l'incapacité à rester dans un seul endroit.

Phobie ou réaction naturelle?

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Il s'agit d'une phobie dans le cas où l'angoisse atteint une telle intensité qu'elle commence à nuire à la personne, à sa socialisation, à sa capacité à se déplacer et à voyager, souligne M.Khors. Alors que la peur, «instrument naturel», se manifeste dans les situations où notre sécurité est en danger.

Par nature, «l'aviophobie n'est pas la peur de voler, c'est la peur de perdre le contrôle. Dans les transports terrestres, le passager a le sentiment de contrôler quelque chose. Par conséquent, une personne qui prend l'avion a plus facilement peur», explique-t-il.

Globalement, l'aviophobie réunit deux peurs: celle de l'altitude et celle des environnements clos, ajoute Vladimir Fainzilberg:

«Ces deux peurs se basent sur les traits de caractère de la personne. Le plus souvent, elles concernent les personnes sensibles, anxieuses, hypocondriaques, qui développent une certaine névrose.»

Comment la phobie apparaît-elle?

Le schéma classique est celui de «élément déclencheur, c'est-à-dire d'une expérience personnelle: la peur ou la douleur d'une perte», répond Mikhail Khors.

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«Cet élément déclencheur est important, aussi parce qu'il engendre une exigence excessive de soi-même en tant que personne qui doit contrôler toutes les sphères de sa vie. Cette prédisposition n'est pas biologique, elle est psychique, familiale» et le perfectionnisme ou pathoperfectionnisme peut conduire à une phobie.

Or, «quand la personne se résigne au fait qu'elle ne peut pas tout contrôler, tout influencer sur sa vie dans certains cas, alors elle se rend compte que c'est normal et pas mauvais, ça fait simplement partie de sa vie. Alors, elle devient plus calme une fois en vol, dans le ciel», résume le psychologue.

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