Huawei a annoncé mercredi 29 mai qu'il avait demandé à un tribunal américain d'annuler l'interdiction faite aux entreprises états-uniennes d'acheter ses équipements. La requête, déposée la veille, demande notamment au tribunal fédéral du Texas de déclarer «anticonstitutionnelle» la loi sur la défense nationale adoptée l'an dernier aux États-Unis, le National Defense Authorization Act (NDAA), que Pékin dénonce comme une loi ciblant les activités chinoises.
«On comprend bien qu'aucun tribunal américain n'épousera la cause chinoise, mais ce sera une preuve de plus de l'actuelle absence de toute solution impartiale et équitable des questions internationales», a déclaré à Sputnik l'ancien employé de l'Agence fédérale russe des communications et de l'information, le colonel Andreï Massalovitch.
Et d'ajouter que la Chine ne se limiterait évidemment pas à des poursuites judiciaires, mais trouverait comment répondre aux sanctions américaines.
«Il se peut que les missiles américains cessent de voler, faute de composants chinois. La Chine a montré qu'elle était bien déterminée à riposter sérieusement dans cette guerre commerciale», a relevé l'expert.
Même si cette action en justice intentée par Pékin a peu de chance de réussir, elle a une très grande signification, car il y va d'une «guerre pour la justice», a estimé un autre interlocuteur de Sputnik, Wang Yiwei, de l'Institut des relations internationales auprès de l'université Renmin de Chine.
«Le comportement des États-Unis n'a rien à voir avec les principes de marché et les normes internationales. […] La bataille judiciaire entre Huawei et l'administration américaine va montrer au monde qui détruit la suprématie de la loi et les principes de marché», a expliqué le Chinois.
Et de prévenir que d'autres sociétés, pas seulement chinoises, pourraient se retrouver dans la même situation.
«Les États-Unis se seraient lancés dans une aventure stratégique risquée, menant en fait à une guerre juridique, diplomatique et psychologique, alors que grâce à l'offensive judiciaire de Huawei, les entreprises chinoises acquièrent une expérience de résistance», a souligné l'expert.
Donald Trump a signé mercredi 15 mai un décret interdisant aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de télécommunication fabriqué par des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale, ce qui revient à interdire aux groupes américains d'avoir affaire à Huawei. Google, filiale d'Alphabet, a suspendu sa coopération avec le géant des télécoms chinois et ne fournira plus de logiciels, de matériel informatique et de services techniques à Huawei à l'exception des services disponibles en open source.