La psychose gagne l’Est de la RDC, en proie au virus Ebola

© AP Photo / Abbas DullehL'épidémie d'Ebola au Liberia
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Alors que la fièvre Ebola se propage en République démocratique du Congo, atteignant les 1.818 cas, les actes d’agression de la population à l’égard du personnel de santé se multiplient. La défiance vis-à-vis des soignants se transforme parfois en véritable psychose: récemment, un soignant a été tué et un centre de santé pillé à l’Est du pays.

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où l’épidémie Ebola a déjà franchi le cap des 1.818 cas confirmés pour 1.277 décès, un climat d’insécurité et de méfiance de la population à l’égard du personnel soignant s’est installé. Dernier incident en date, un agent de l’équipe de riposte contre l’épidémie d’Ebola a été tué dans le soulèvement samedi 25 mai d’une partie des habitants d’un village de l’Est de la RDC, où un centre de santé a aussi été pillé, selon un bulletin du ministère de la Santé, dont Sputnik a obtenu une copie.

«Une partie de la population du village de Vusahiro, dans la zone de santé de Mabalako (Nord-Kivu, Est), s’est soulevée et a attaqué l’équipe locale de la riposte contre Ebola», renseigne le bulletin du ministère congolais de la Santé. «Un hygiéniste de l’équipe de prévention et contrôle des infections est décédé des suites de ses blessures lors de son transfert vers l’hôpital», déplorent les autorités sanitaires dans ce bulletin quotidien.

Par ailleurs, le «centre de santé de Vulamba, dans la zone de santé de Butembo, a été vandalisé par des inconnus dans la nuit du 25 au 26 mai 2019», toujours selon le même bulletin du ministère congolais de la Santé.

​Les autorités relèvent de plus en plus de résistances communautaires contre les activités de riposte dans cette région, où des habitants considèrent que cette épidémie est une nouvelle stratégie pour les exterminer, après des massacres de civils attribués principalement aux milices ougandaises. D’aucuns y voient tout simplement un business des organisations de lutte contre cette maladie.

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Le ministère congolais de la Santé a déjà recensé 132 attaques contre des équipes sanitaires, ayant causé la mort de quatre personnes et des dizaines de blessés.

​En avril dernier, un médecin camerounais travaillant pour le compte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été tué alors qu’il participait à une réunion dans un hôpital universitaire.

À la suite de ce drame, des centaines de médecins et d’infirmiers congolais ont manifesté contre l’insécurité à Butembo, épicentre de l’épidémie d’Ebola dans l’Est de la RDC. Les manifestants demandaient l’arrêt de «la violence et des menaces contre les agents de santé», l’ouverture d’une enquête et une prime de risque pour tous les personnels soignants concernés dans la région.

Défiance, remise en question de l’existence même de la maladie, l’hostilité envers les équipes médicales est très forte, neuf mois après le début de l’épidémie. Dans ce climat, la question de l’argent est un sujet sensible. Certains Congolais estiment ne pas voir les résultats tangibles des millions de dollars dégagés par les bailleurs de fonds dans la lutte contre Ebola. Ils ne comprennent pas non plus pourquoi le ministère de la Santé a fait venir du personnel de Kinshasa et de l’étranger, là où des personnels locaux recrutés sur place auraient eu les qualifications suffisantes.

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Pour rétablir la confiance entre malades et soignants, le ministère congolais de la Santé s’est pour sa part engagé à recruter plus localement. Les autorités indiquent d’ailleurs que les équipes locales de riposte dans le centre de santé attaqué sont composées d’«habitants du village qui ont été formés pour mener certaines activités de riposte».

Depuis le début de l’épidémie en août, «le cumul des cas est de 1912, dont 1818 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1277 décès (1183 confirmés et 94 probables) et 496 personnes guéries», selon des chiffres officiels émanant du ministère congolais de la Santé.

​Il s’agit de la dixième épidémie de fièvre hémorragique sur le sol congolais depuis 1976 et de la plus grave dans l’histoire de la maladie après celle qui avait tué plus de 10.000 personnes en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone) en 2014.

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