Le ministre britannique de l'Intérieur, Sajid Javid, a présenté une nouvelle stratégie de lutte antiterroriste. Selon ce document, les «points chauds» du terrorisme, notamment en Syrie, sont portés sur une liste noire, et si les Britanniques s'y retrouvent sans justification valable, ils risqueront jusqu'à 10 ans de prison.
«Cela sera sans doute un facteur de dissuasion de plus pour tous ceux qui pensent à se rendre dans des endroits interdits, car désormais ils sauront que ce serait un crime qui leur vaudrait un long emprisonnement», a déclaré à Sputnik l'ex-employé des services de renseignement et de sécurité britanniques, Philip Ingram.
Et d'ajouter que ce plan avait fait l'objet d'une discussion et était largement soutenu au parlement.
«À part les moyens techniques, le suivi des individus sur les itinéraires bien connus en Syrie et ailleurs fera appel à la coopération internationale, au renseignement et à beaucoup d'autres choses», a poursuivi le Britannique.
Interrogé sur les perspectives juridiques d'une telle loi antiterroriste, il a anticipé comme ceci:
«Je ne suis ni juriste ni expert en droit, mais il existe évidemment suffisamment d'organisations de défense de la liberté d'expression qui ne manqueraient certes pas de financer la contestation de cette nouvelle loi antiterroriste dès sa première application, […] et si la Loi européenne sur les droits de l'Homme est encore en vigueur, je m'attends à ce qu'elle soit également contestée en Europe».
M.Ingram a toutefois confié ne pas s'attendre à une réaction très négative de l'opinion face à une telle loi.
«Je pense que somme toute, l'opinion est favorable à toute initiative visant à nous sécuriser. […] Environ 900 individus s'étaient rendus en Irak et en Syrie, dont 425 à 450 en sont revenus et quelques centaines d'autres ont été tués. Ceux qui restent sont étroitement surveillés là où cela est possible, notamment dans les camps où ils se trouvent, ou, pour le moment, ils sont portés disparus. À l'heure qu'il est, les services de sécurité et la police antiterroriste britanniques mènent 700 enquêtes actives. 3.000 individus font l'objet d'un contrôle permanent et encore 20.000 autres figurent dans la base de données du terrorisme. C'est un travail immense qui se fait», a détaillé l'interlocuteur de Sputnik.
La nouvelle stratégie de lutte antiterroriste élargit par ailleurs les prérogatives de la police et durcit le contrôle sur l'expression des idées radicales et sur leur publication sur le Net. Le problème a revêtu une acuité particulière suite à l'exigence des États-Unis de rapatrier les djihadistes européens des territoires syriens libérés par les Kurdes. L'histoire de la Londonienne Shamima Begum qui avait rejoint Daech* en Syrie en 2015 et a été déchue par la suite de sa nationalité britannique a en cela également joué son rôle.
*Organisation terroriste interdite en Russie