Pour les journalistes de Rossyia 24, il s'agissait de revenir sur l'état des lieux dans la région de Khakassie, en Sibérie, suite à l'une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices et meurtrières de ces dernières années. Lors d'importants incendies qui se sont déclarés le 12 avril 2015 dans ces steppes, plus de 1.200 maisons dans 42 villages ont pris feu, environ 5.000 personnes sont restées sans toit et les flammes ont tué 12 personnes et 54 autres ont été blessées.
Sauf que, en cours de reportage, le chef du district Chirinsky au nord de la Khakassie et membre du parti au pourvoir Russie unie, Sergueï Zaïtsev, s'en est pris au journaliste de la chaîne de télévision dans son bureau, irrité par les questions posées. Sur les images diffusées par Rossyia 24, on peut voir que le fonctionnaire saisit le microphone que tient le correspondant, puis le repousse et le jette à terre. Les adjoints, attirés par le bruit, sortent le journaliste du bureau, tout en essayant de couvrir l'objectif de la caméra.
À 9h00: «C'est une provocation planifiée, déclare Sergueï Zaïtsev à RIA Novosti. Personne ne leur a interdit de nous contacter la veille, d'organiser une entrevue. Ils sont entrés dans le bureau en dehors des heures normales de travail à peine franchie la porte, ils m'ont traité de voleur et de fonctionnaire corrompu.»
À 12h30: «Une procédure pénale est engagée contre Sergueï Zaïtsev, le chef de la municipalité du district de Chirinsky. Il est soupçonné d'avoir commis un crime relevant de la partie 3 de l'article 144 du Code pénal de la Fédération de Russie («Entrave aux activités professionnelles des journalistes»), déclare le département régional du Comité d'enquête de la Fédération de Russie.
À 13h15: «Le présidium du conseil général du parti Russie unie prend la décision d'exclure du parti Sergueï Zaïtsev qui a attaqué un journaliste», annonce le secrétaire par intérim du parti Andreï Tourchak.
À 14h40: «L'enregistrement vidéo de l'incident, diffusé sur les chaînes de télévision, témoigne de la violation flagrante des règles élémentaires de conduite et d'éthique des fonctionnaires par un fonctionnaire en exercice de son mandat. Si une telle action est commise contre un journaliste en cours de reportage alors que la caméra est allumée, il est facile d'imaginer comment le chef du district de Chirinsky en Khakassie organise son travail avec les habitants sur place, sans parler de ses subordonnés», déclare aux journalistes Leonid Lévine, chef du comité de la politique de l'information, des technologies de l'information et des communications de la Douma d'État (assemblée nationale).
Et le résultat le plus important de cette regrettable affaire est peut-être la déclaration du Comité d'enquête de la Fédération de Russie qui annonce que «dans le cadre de l'affaire pénale, les informations concernant une corruption du chef de la municipalité, annoncées par les journalistes, seront vérifiées.»
Le parti Russie unie, dont est membre le fonctionnaire incriminé, a présenté ses excuses aux journalistes et précisé qu'une commission disciplinaire allait se réunir afin de décider des suites à donner à cette affaire.
Les journalistes ont ainsi rempli leur fonction.