Royaume-Uni et Italie: vers des séismes politiques?

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Les élections européennes qui auront lieu dimanche 26 juin ne sont pas simplement un événement politique en France. Dans deux pays, ces élections pourraient avoir des conséquences considérables: le Royaume-Uni et l’Italie. Dans les deux cas, un ordre du jour national a complètement prévalu sur les soi-disant «enjeux européens».

Au Royaume-Uni, une partie de l'électorat s'est révoltée contre ce qui est ressenti comme une «trahison» du Brexit par les Conservateurs au pouvoir. En Italie, les élections européennes ont largement tourné au référendum pour ou contre Matteo Salvini et la Ligue. C'est pourquoi, les élections dans ces deux pays représentent un réel enjeu pour les Français.

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Prenons tout d'abord le cas de l'Italie. La campagne y a été assez violente, du moins dans les journaux et sur les télévisions. La comparaison entre Salvini et Mussolini, voire Hitler, a été un des grands arguments du centre gauche. C'est dire la tension que ce scrutin a suscité. Les derniers sondages donnent cependant la Ligue entre 37% et 42%, le Parti démocrate (deux mensonges pour le prix d'un) entre 14% et 19%, et le M5S au même score. Or, le M5S avait obtenu environ 35% des voix lors des élections législatives de l'an dernier, quand la Ligue devait se contenter de 17%.

Très clairement, même si ces chiffres ne sont que des estimations avant le vote réel, on discerne le basculement de l'électorat italien. Le score du parti d'extrême-droite Fratelli d'Italia, avec entre 7% et 9%, vient le confirmer. Très clairement, le centre gauche tout comme le centre droit (Forza Italia est donné entre 3% et 7%) sont laminés. La campagne agressive du centre gauche n'a pas porté ses fruits. Loin de conduire à une «démonisation» de la Ligue, elle semble au contraire l'avoir renforcée. Les conséquences de ce basculement sont très importantes.

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Dans l'alliance actuellement au pouvoir entre le M5S et la Ligue, le premier avait l'avantage. Il pouvait, fort des plus de 30% de l'électorat qu'il représentait, menacer à tout moment de basculer vers une alliance avec le Parti démocrate pour contenir les ambitions de la Ligue. Mais, ramené à moins de 20%, il ne peut plus jouer à ce jeu. Bien sûr, nous parlons aujourd'hui d'élections au Parlement européen. Mais, chacun comprendra que ce qui est en cause en réalité c'est la possibilité d'élections anticipées. Dans le cas où l'alliance actuellement au pouvoir serait reconduite, voire élargie à Fratelli d'Italia, le potentiel de cette alliance est de 58% des suffrages, même en prenant les estimations basses pour chacun des trois partis concernés. Avec plus de 35%, et peut-être autour de 40%, la Ligue pourrait espérer bénéficier largement du mécanisme majoritaire qui existe dans la loi électorale italienne, qui est une combinaison de scrutin proportionnel et de mécanisme majoritaire. Très concrètement, cela signifie que si des élections générales avaient lieu cet automne, les trois partis auraient la majorité suffisante pour changer la Constitution, diminuer les pouvoirs du Président de la République, et peut-être rompre avec les mécanismes de l'UE qui ont été inscrits dans la Constitution.

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Au Royaume-Uni, Conservateurs et Travaillistes terrifiés par Nigel Farage

La situation n'est pas moins intéressante au Royaume-Uni. Les derniers sondages montrent que le Parti du Brexit, soit le parti créé par Nigel Farage, l'ancien dirigeant de UKIP, qui a quitté ce dernier, rassemble plus d'intentions de vote que les Conservateurs et les Travaillistes réunis. C'est un score historique. Il montre qu'une partie des électeurs, environs 35%, sont en train de se révolter contre l'attitude de Theresa May, la Première ministre, qui a cherché à noyer le poisson du Brexit dans l'eau de la Commission de Bruxelles.

Les sondages réalisés au Royaume-Uni sont cependant bien moins précis, et moins fiables, que ceux réalisés en France. Pourtant, ils montrent trois changements importants. Le premier est la montée régulière du Parti du Brexit, montée qui s'est faite jusqu'au lendemain des élections locales au détriment des Conservateurs. La chute de ces derniers, qui est spectaculaire au point qu'ils sont désormais devancés par les Libéraux-démocrates, signifie que le vote des «brexiters» du Parti conservateur a été siphonné par le Parti du Brexit. Mais, depuis les élections locales, et en particulier dans les deux dernières semaines, il semble bien que ce soit à leur tour les votes des Travaillistes qui se soient portées, du moins en partie, sur le Parti du Brexit. L'hémorragie est moins grave que pour les Conservateurs. Elle est cependant sensible. C'est le second changement notable. La capacité du Parti du Brexit d'attirer à lui une partie de l'électorat populaire votant pour les Travaillistes est significative du positionnement adopté par Nigel Farage. Le troisième changement important est la montée des Libéraux-démocrates, qui dépassent — on l'a dit — les Conservateurs et qui talonnent désormais les Travaillistes.

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Ces résultats sont-ils transposables aux élections générales? Farage a clairement indiqué sa volonté de présenter des candidats lors des élections générales qui semblent désormais inévitables au Royaume-Uni, et qui pourraient — elles aussi — avoir lieu à l'automne. L'enjeu, pour lui, est de maintenir son positionnement de droite populaire, s'il veut tant désarticuler le Parti conservateur que mordre sur les Travaillistes. On le sait, le mode de scrutin au Royaume-Uni favorise le bipartisme, même si ce dernier n'a pas toujours été une règle d'or. La possibilité que Nigel Farage et le Parti du Brexit se substituent aux Conservateurs n'est pas inexistante. Si cela devait arriver, et compte tenu des effets amplificateurs du mode de scrutin à un tour, il y a gros à parier que les responsables locaux des Conservateurs se rallieraient à Farage et que son parti puisse remplacer les Conservateurs, qui seraient alors réduits à une poignée de députés partisans du «Remain». Pour les Travaillistes, la perspective n'est autre que d'être pris entre le marteau de Farage et l'enclume des Libéraux-démocrates. Très clairement, dans les possibles qui sont contenus dans ces élections européennes, il y a bien une reconfiguration accélérée de la vie politique au Royaume-Uni.

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Les élections au Parlement européen du 26 mai auront donc probablement des conséquences importantes sur la vie politique de deux de nos voisins. La crise de l'Union européenne, rendue évidente par le vote pour le Brexit en 2016, va donc probablement se déplacer vers l'Italie. Une retombée de ces élections pour la France apparaît de plus en plus probable. Qui a dit que ces dernières étaient sans enjeux?

Assurément, les enjeux ne sont pas où on le croit. Il s'agit avant tout d'enjeux nationaux. Mais ces enjeux existent bel et bien.

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