La Corée du Nord a annoncé vendredi 10 mai avoir procédé à un essai de frappe «à longue portée». Cette annonce contredit toutefois les informations de l'armée sud-coréenne, selon lesquelles les armes testées sont deux missiles à courte portée qui ont parcouru respectivement 270 et 420 kilomètres.
«Si on ne considérait que la portée des tirs effectués, on pourrait supposer que le missile qui a parcouru 420 km pourrait être un Scud C et celui qui a fait 270 km, un Scud B. Pourtant, comme l'altitude de vol de ces deux projectiles ne dépassait pas 50 km, il est fort peu probable que des Scud aient été lancés sous un si petit angle», a déclaré à Sputnik Kim Dong-yup, professeur à l'Institut d'Études de l'Extrême-Orient de l'université de Kyungnam.
Et d'ajouter que les Scud étaient des missiles balistiques à courte portée, et que les essais de missiles de ce type tombaient sous le coup de sanctions des Nations unies.
«Quoi qu'il en soit, l'altitude de 50 km permet de supposer qu'il s'agit d'un tir d'essai d'une arme tactique guidée, soit d'"Iskander nord-coréens", testée également il n'y a pas longtemps depuis la péninsule de Hodo [au bord de la mer du Japon, ndlr]», a rappelé l'expert.
Ce dernier a précisé que, cette fois, les projectiles, dont la nature est toujours inconnue, avaient été tirés depuis Kusong, en territoire nord-coréen et ce, pour manifester sans doute la stabilité et la fiabilité de cette nouvelle arme.
«À mon avis, les Nord-Coréens, mécontents de la situation actuelle, laissent entendre qu'ils ne consentiraient pas à des concessions et ne céderaient pas. Aussi, leurs partenaires devraient-ils changer de calculs», a résumé Kim Dong-yup.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Cheong Seong-chang, vice-président chargé de la planification de la recherche à l'Institut Sejong, un grand think tank sud-coréen, a enchaîné, estimant que Pyongyang était notamment mécontent de la tenue en mars-avril d'exercices aériens conjoints américano-sud-coréens, juste après l'échec du sommet américano-nord-coréen. Ainsi que du fait que Séoul avait qualifié de provocation le tir d'essai du 4 mai en Corée du Nord.
«De toute évidence, par les tirs d'essai actuels, la Corée du Nord veut montrer au monde les potentialités redoutables de ses missiles, que même le THAAD ne pourrait intercepter. Par ailleurs, à l'intérieur du pays, Pyongyang s'applique à rassurer les militaires, mécontents des négociations sur la dénucléarisation», a conclu l'analyste.