Les prochains mois s'annoncent difficiles pour le Premier ministre canadien. Le scandale SNC-Lavalin a beau se tasser dans les médias, Justin Trudeau peine à faire remonter le Parti libéral du Canada (PLC) dans les sondages. En début d'année, les libéraux étaient au coude-à-coude avec les conservateurs, mais l'écart s'est graduellement creusé depuis en faveur de ces derniers.
Pourtant doué pour ce genre d'exercice, Trudeau s'est fait doubler devant les caméras par son homologue québécois, François Legault, dans les régions québécoises touchées par les inondations. Sur le terrain, le Premier ministre québécois a été mieux perçu que Trudeau, ce qu'ont souligné de nombreux observateurs. Face aux journalistes, Trudeau s'est même fait apostropher par un bénévole mécontent, lui reprochant le caractère superficiel de ses opérations médiatiques. Un point de vue souvent repris sur les réseaux sociaux.
#Inondations Justin qui ralentit les opérations d’aide.
— RParent450 (@RParent450) 29 avril 2019
J'imagine J #Trudeau suite à un tremblement de terre. Il serait capable d'interrompre le travail des secouristes qui cherchent des survivants sous les décombres pour un selfie. #polcan https://t.co/W1keWadQKq
L'avance des conservateurs au niveau national n'est toutefois pas insurmontable pour les libéraux, d'autant plus que ces derniers mènent toujours au Québec, province clé du système électoral canadien. Le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, ne fait pas non plus l'unanimité dans le pays. Si les conservateurs fédéraux sont en avance par rapport aux autres partis, leur chef ne serait pas particulièrement populaire auprès des électeurs. C'est du moins ce que montre un sondage de la firme Léger, rendu public le 28 avril dernier. Les conservateurs peuvent compter sur leur programme, mais pas nécessairement sur la personnalité de leur chef.
La bataille n'est pas perdue pour Trudeau, mais la deuxième moitié de son mandat a été marquée par le retour du conservatisme à l'échelle provinciale. L'élection de Premiers ministres aux tendances conservatrices, dans des provinces importantes comme l'Ontario, le Québec et l'Alberta, est un mauvais présage pour Trudeau. Si les libéraux fédéraux peuvent toujours compter sur le charisme de leur chef, ils ne peuvent plus compter sur leurs homologues pour défendre leur vision dans ces trois grandes provinces.
En juin 2018, l'Ontario a élu le conservateur Doug Ford au poste de Premier ministre. En octobre de la même année, le Québec a élu Premier ministre François Legault. Sans se dire conservateur, M. Legault souhaite affranchir le Québec du multiculturalisme canadien, un principe cher aux libéraux fédéraux. Dans cette optique, François Legault a fait déposé une loi sur la laïcité de l'État, à laquelle s'oppose son homologue fédéral. Fidèle à l'héritage libéral de son père, l'ex-Premier ministre Pierre Elliott Trudeau, Justin Trudeau estime toujours que cette loi brime les droits individuels.
«Nous avons élu un gouvernement qui défendra les intérêts de l'Alberta et obtiendra une entente juste pour l'Alberta dans ce grand pays», a averti M. Kenney lors de son discours de victoire, le 17 avril dernier.
Dans ce contexte, Justin Trudeau devra redoubler d'efforts pour convaincre les Canadiens de lui confier un deuxième mandat. Il devra non seulement récupérer des électeurs tentés de voter plus à droite, mais aussi des électeurs tentés de voter plus à gauche, en particulier ceux préoccupés par l'environnement. Le bilan environnemental de Trudeau est très critiqué alors que le mouvement écologiste est plein essor. Dans ce contexte, il ne serait pas étonnant que de nombreux citoyens déçus délaissent le Parti libéral pour le Parti vert ou le Nouveau Parti démocratique.