Les élections législatives anticipées de dimanche ont été les troisièmes en moins de quatre ans en Espagne. Les Socialistes les ont remportées sans obtenir toutefois de majorité absolue pour pouvoir gouverner seuls.
«Le parti socialiste a obtenu la majorité des sièges, mais il est très loin d'une majorité absolue au parlement. Je m'attends à ce que les Socialistes négocient avec le centre-droit Ciudadanos», a déclaré à Sputnik Marc Sanjaume, professeur de sciences politiques à l'université Pompeu Fabra (UPF) de Barcelone.
Selon ce dernier, si les Socialistes parvenaient à un accord avec Ciudadanos (Citoyens), ils pourraient obtenir la majorité au parlement et Pedro Sanchez pourrait former un gouvernement plus stable. Néanmoins, Ciudadanos rejette actuellement un tel accord.
«Donc, à court terme, j'espère un gouvernement minoritaire. Peut-être qu'à long terme, il y aurait tout de même un accord stable avec Ciudadanos», a dit l'expert.
De son côté, un autre interlocuteur de Sputnik, Carlos Flores Juberias, professeur de droit constitutionnel à l'Université de Valence, a supposé que Pedro Sanchez allait essayer de former un gouvernement à parti unique, rejetant la proposition faite par le chef de Podemos, Pablo Iglesias, de former un gouvernement de coalition.
«Au vu des résultats des élections, cela semble l'option la plus judicieuse, Podemos ayant considérablement diminué en nombre de sièges et de voix. […] Et il ne semble donc pas raisonnable de renforcer sa position en encourageant son entrée au gouvernement», a estimé l'universitaire.
Et d'ajouter que si tel était le cas, l'Espagne aurait un gouvernement minoritaire, devant négocier chaque décision politique avec les partis les plus susceptibles de le soutenir.
«Cela nous ramènerait à la situation antérieure aux élections, celle à laquelle le Premier ministre Sanchez a tenté de mettre fin en convoquant cette fois les électeurs aux urnes», a prévenu M.Juberias.
Le parti du Premier ministre, Pedro Sanchez, a obtenu 29% des voix —soit 123 sièges au parlement- et devra former une coalition pour obtenir au moins les 176 nécessaires à la majorité des 350 sièges du parlement.
Les observateurs constatent que les élections espagnoles du dimanche 28 avril confortent la position acquise par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), alors que le Parti populaire (PP) connaît au contraire une chute vertigineuse de ses soutiens électoraux et de ses résultats, se situant à présent au-dessous du niveau qui était le sien dans les années 1980. Mais le plus neuf, dans ces élections, est la consolidation en Espagne du modèle multipartite. En outre, c'est l'émergence de Vox, parti de droite pratiquement inconnu il y a encore six mois. Avec 24 députés élus, il fait son entrée au parlement.